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Midgame
J’ai déjà rédigé beaucoup de bilans ces dernières années, entre ceux de décembre-janvier et ceux d’anniversaire (il en reste un ici, un là, un là, et celui-ci dans un autre genre), et ma psy m’a dit un jour que c’était important de se projeter. Que la vie, c’était comme un livre : une succession de chapitres. Ils font partie de l’histoire, ils en structurent l’intrigue, mais c’est pas la peine d’aller y chercher des indices ou de relire les passages les plus déprimants. Après tout, c’est pas comme si on les avait oubliés. Ça sous-entend aussi qu’il ne sert à rien d’aller se réfugier dans les bons moments parce qu’ils sont PASSÉS MORTS ET ENTERRÉS, mais ce que j’en retiens surtout c’est que même si je fais la maligne, je trouve que ma psy avait raison, que de toute façon j’ai déjà bien assez regardé en arrière, et qu’en plus j’ai pas de raison particulière de le faire, là tout de suite.
En effet, je crois qu’il n’y aura pas de crise de la quarantaine, parce que le chemin que j’ai emprunté m’a conduite vers une version de moi plus épanouie, confiante et entière que je ne l’étais à vingt ans. Certains se découvrent avec horreur enfermés dans une vie peut-être bâtie à la hâte, ou encagée dans des convenances dont ils réalisent qu’en fait on s’en fout. Quant à moi j’ai traversé le processus inverse.
(Il n’y a là nulle vantardise, on fait tous avec ce qu’on est et ce qu’on a et, sans parler de hasard ou au contraire de déterminisme, je ne crois pas qu’on soit tout à fait libres pour autant.)
Fun facts :
Je porte des mitaines noires à cause de Patrick (que j’évoque dans « 39 ») et je fume des Lucky Strike à cause de Poppy Z. Brite. J’appelle Ubik « Amour » en référence à Spike quand il s’adresse à Drusilla. Maloriel et moi avons eu un chat nommé Kamui, comme dans X de Clamp.
Tu sais, un des trucs que j’aime le plus dans le fait d’avoir quarante ans, c’est que j’ai l’impression d’être en paix avec moi-même. Pas tous les jours, un certain nombre de « trucs pas résolus » en témoignent. Mais j’ai plus honte de moi.
Ce qui est marrant, c’est que ça va de paire avec une affirmation beaucoup plus ferme et ostensible, je dois dire, de ce que je suis. Ça se traduit à coups de t-shirts Miah Combat ou siglés de la croix de Paradize, ou par les trois hélix que j’ai fait piercer l’année dernière. Comme quoi, j’ai dû me tromper en début de billet, crise de la quarantaine il y a. J’avoue que j’y voyais la conséquence du fait d’avoir plus de sous, mais je suis prise d’un doute ^^. (Le fait que je rédige cette partie le 1er juillet, lendemain du premier tour des législatives, a tout à voir avec l’achat d’un t-shirt Indo, aussi.)
L’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises ces dernières années, c’est que j’étais plus forte que je ne le croyais, que les autres n’étaient pas un modèle à suivre et que j’étais ce que je pouvais. Le corollaire de ces deux dernières affirmations, et c’est ce que j’ai mis le plus de temps à admettre, c’est que je suis la seule à savoir comment je me sens et ce que je suis capable de faire – et a fortiori ce que je ne suis pas capable de faire, n’en déplaise aux gens qui croient qu’ils sont les seuls à se forcer.
Gratitudes
J’ai répondu à un questionnaire de psychologie un peu con récemment (en fait il n’était sûrement pas si con que ça, mais assez sommaire pour quelqu’un qui a l’habitude de l’introspection). J’en retiens cette liste que j’ai faite :
Quand êtes-vous le plus heureux ?
Pas d’ordre : quand je suis avec ma sœur et qu’on se fait confiance, dans ma belle-famille, en concert, au printemps, avec mes amis, dans les moments partagés avec les gamins, avec Ubik quand on se permet de lâcher-prise, quand je regarde et entends les oiseaux depuis mon salon, quand je nage, quand je ne suis ni fatiguée ni lendemaindecuitée ni clouée de travers par la douleur – ventre, dos –, devant un feu d’artifice, plongée dans un livre ou devant une œuvre d’art qui me transperce.
Je trouve que ça fait un bon guide pour les années à venir.