Anti-nostalgie
T’as déjà été fatigué(e) au point d’écouter en boucle le même morceau sans t’en rendre compte, et de répondre à tes mails/texto en plissant des yeux et en te concentrant sur chaque mot pour pas dire de bêtise ?
Je sais bien que oui, quels qu’en soient les symptômes. Je savais pas comment ouvrir ce billet, si ce n’était avec une question rhétorique.
Cette journée était NULLE (ça me fait du bien de l’écrire en majuscules.) J’ai tenté de mettre deux élèves de première dehors, et ils ont refusé. Et argumenté. Enfin, insolenté. Et je dis pas ça parce que j’aime pas qu’on remette ma parole en doute, parce que je serais un genre de parangon, mais parce qu’ils ont été de mauvaise foi et que ça me rend dingue. Je les ai entre autre accusés de ne strictement rien foutre depuis le début de l’année, ils m’ont répondu qu’aujourd’hui ils avaient écrit trois mots, que ça valait certainement 0.25 au bac et que par conséquent, c’était la preuve qu’ils avaient un minimum bossé. Je sais pas où j’ai trouvé en moi la force de conserver un ton calme et égal, mais je suis très fière de moi. La rage pure, je me la prends en pleine gueule, elle me fait mal, mais je crois que je peux gérer parce que ça me renvoie à quelque chose que je connais. Mais la mauvaise foi… Ça me fait sortir de mes gonds – enfin encore une fois, je suis restée très calme. Puis je suis sortie de la classe à la fin de l’heure, et j’ai vérifié avec les CPE que je pouvais les exclure demain. Parce que ma crédibilité, tu vois.
Je sais pas si c’est juste que je suis très fatiguée aujourd’hui, je me suis tapé un combo hypoglycémie-nausée-vertiges qui ne m’a certainement pas mise de bonne humeur. Mais enfin, même les petits cons du début de l’année, ou les petites connes de la fin d’année, font des efforts hypocrites pour avoir l’air de me respecter. Je le vois bien, mais ça ne me regarde pas : au moins nos relations sont policées.
Et puis comme je suis fatiguée, mon cerveau m’embarque sur la planète « c’est normal que tes élèves se foutent de ta gueule, t’as plein de tics et de tocs, tu le sais très bien, tu les vois (et les uns et les autres) quand ça se produit. » Alors que bon, oui, Yacine a rigolé quand j’ai saisi mes cheveux, mais il était le seul, et puis en temps normal ça m’est bien égal.
Bref, qu’est-ce que je disais, déjà ? Ah oui : cette journée était nulle. Il serait sans doute temps de la clore, d’ailleurs. Et de la poster, pas pour m’en rappeler, merci bien, mais parce que quand je parle du taf, je parle plus souvent des moments cools. Dont je ferais mieux de me souvenir en priorité, certes, d’autant qu’ils sont quand même bien plus nombreux, et je le dis même pas pour me vanter. Mais quand même : parfois, mon boulot, c’est me coltiner le reflet de ceux qui se foutaient de ma gueule pendant ma propre scolarité, et ça, même à quarante ans, c’est parfois dur à encaisser, même si je sais que ça n’a en réalité rien à voir avec moi.
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[…] chouette conversation avec mes deux exclus de cours. Enfin, c’est ce que je crois. Dans ma tête, mes discours ont l’air sortis du Cercle […]