Changer d’aire
J’y suis.
Au cœur de la respiration, au creux de la pulsation. Debout sur mon rocher au milieu du sang qui rushe qui vague qui éclabousse ; ça court dans mes veines, je ferme les yeux, mais j’appuie pas sur stop. Je plonge.
À 14 degrés l’eau s’est refermée sur mes côtes, poing, j’ai suffoqué un peu, pas oppressée, libérée. J’ai spiralé vers l’océan, pas trop loin, pas besoin, par 14 degrés mon corps crie et s’émerveille, et quand je sors le soleil brûle, la tiédeur de l’air m’étourdit, mes pieds clapotent dans les algues et je suis vivante, je tiens tout entière dans ce « whoooh ! » que j’ai poussé après avoir basculé dans l’océan.
Devant moi à présent il y a cet écran et les petites croix qui cascadent sur le calendrier ; il en manque trois. J’ai pas freiné des quatre fers, je me suis engouffrée dans un toboggan.
Pour changer d’aire, changer d’air. Ou bien c’est l’inverse. Rien n’est moins fondé qu’une formule magique, et tout rituel est voué à s’effriter une fois l’invocation accomplie.
J’ai tracé un sourire sur la face blafarde de mon angoisse et posé ma caméra à hauteur de pieds.
J’ai trouvé : du sable et du bitume, des sourires, un cœur « sous scellé », de la pluie, des bateaux, des mugs de café immenses, des gens qui font la fête, un mur solitaire au seuil d’un vallon.
J’ai appris qu’une classe respirait au même rythme que moi, quelqu’une m’a dit « si tu veux rester en contact, ça serait chouette », j’ai dormi la fenêtre ouverte, je me suis agacée, j’ai lu « Que serais-je sans toi » avec des élèves qui ont su démêler l’absence de point d’interrogation, j’ai douillé ma race, du dos, du ventre, j’ai bu du Champagne, j’ai pleuré dans ma voiture, j’ai raconté que j’avais besoin de rituels pour conserver ma santé mentale et ça a fait rire mon beau-père, j’ai conversé longuement avec ce même beau-père, j’ai écouté Eivør, j’ai passé 50h dans Age of Wonders 4 et tout ça commence et finit un 19 mai, dans un mètre vingt d’océan, le ciel à perte de vue et un morceau de Vast.
2 commentaires
On dirait que ce 19 mai, tout allait bien. J’espère qu’il en a été de même les jours après, et que c’est toujours le cas aujourd’hui…
Merci, Zofia <3
Depuis, "tout est chaos oho... et rien n'a de sens", mais oui, ce 19 mai, tout était parfait :)