Décembre en rampant
Creep, crept, crept.
Bon, je suis en retard et ce billet n’est pas vraiment terminé, mais après ce sera bilan alors je poste maintenant :)
Descendre en cendres au fond de décembre, l’ambre perdu au creux des jours désenchantés, et hanter le monde telle une onde vite arrêtée. L’été m’attend et je m’étends, fatiguée, lacérée par la glace, la nuit et l’alcool qui me colle la langue au palais. L’obscurité me nuit autant qu’elle me lasse, le gué s’étire, le temps était mais se tait, j’évite la ronde bien qu’elle m’ait tentée, parce que je joue rien moins que mes membres, et mon cœur à pendre.
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Pour moi, décembre s’est achevé ce vendredi 17, et rien de ce qui se produira d’ici le 1er janvier n’aura vraiment lieu, du moins pas dans une temporalité définie. Je ne fêterai ni Yule (un « jour » où il me semble que le mieux à faire est encore de se terrer quelque part en priant) ni Sol Invictus – sa victoire ne sera prégnante qu’aux premiers jours de printemps. Quant à Noël, dont la seule sonorité parvient à me filer des ulcères, ouais, nan, on repassera.
Je ne suis pas cynique : la célébration à l’église avec les collégiens m’a vachement émue. Je suis passée à deux doigts de faire le signe de croix, et j’ai récité le Notre Père presque par cœur. J’étais d’ailleurs plus touchée par les gamins qui signaient debout que par ceux qui trépignaient sur les prie-Dieu. J’ai même dit à Alexandre, qui sur le chemin criait et s’agitait comme d’habitude : « on va à l’église, pas en boîte de nuit, bordel. » (j’ai pas vraiment dit « bordel » à un élève, gnagnagna…)
Non vraiment, le mysticisme, c’est loin d’être un problème.
C’est juste que là où une bonne partie de mes collègues semblent voir un chouette moment, voire un truc à propos duquel ils sont carrément impatients et qui les hype depuis un mois, je ne ressens… rien. Bah c’est pas cool, en fait, d’être indifférent à un truc dont tout le monde te cause depuis des semaines. Ça accentue mon impression de passer à côté et du coup, j’ai qu’une hâte, c’est que ça se finisse et qu’on puisse reprendre le cours de nos existences. Peut-être que ces gens se sentent comme moi quand je tente d’évoquer la beauté d’un orage. C’est très bizarre à imaginer.
Une « Julie » dont je ne sais absolument pas qui elle est ni à quoi elle ressemble a proposé de jouer les « anges de Noël » en offrant anonymement un cadeau pas cher à un collègue. Ils sont nombreux à s’être prêtés au jeu et franchement c’est chou, mais moi ça me donne des boutons. En ce moment la salle des profs résonne de « c’est toi, mon ange ? » et comme je suis (ah bah oui, en fait) cynique, ça m’énerve. Si demain je vais très mal, personne se souviendra de la remplaçante, mais un cadeau à 5 balles, c’est dans tes cordes et ça te dédouane d’un humanisme qui s’appliquerait à quelqu’un d’autre que tes élèves.
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À bas ces doutes ennemis fatalement gredins, hors irruptions jalouses & kaléidoscopiques, lesquelles mentent, nient ou prétendent quereller. Râle si tu ulules, va, wyandotte ! Xylographie… YOLO, zingaro !
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Nan mais tu diras ce que tu veux, mais il est hyper dur, cet exercice ! Surtout sur les dernières lettres.
Ce mois-ci est celui où j’ai définitivement admis que personne ne pouvait prédire la météo par chez nous. Océane, radio pourtant locale, m’a dit : « aujourd’hui il fera froid et sec comme hier » au moment où je traversais un banc de brouillard, et « quelques éclaircies qui ne dureront pas seront visibles » le jour où il a fait beau toute la journée.
Lou-Ann m’a écrit une blague : c’est deux oignons qui traversent la route. L’un d’eux se fait renverser et l’autre s’écrie « Oh, nion ! »
Oui, j’ai pleuré de rire, et va te faire voir très loin, zut.
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Aujourd’hui (le 18) je suis allée à la mer avec ma sœur. J’étais d’autant plus contente que je le lui avais proposé la veille, que je m’étais levée à 10h (si, c’est tôt, surtout pour un samedi) et que ça lui a fait du bien. Ça fait des semaines que j’ai envie de faire un truc cool, gratuit et qui m’enchante, alors c’était chouette de prendre l’initiative et qu’elle ne soit pas profitable qu’à moi.
Et t’as vu, il faisait un temps magnifique. Ça pourrait te laisser croire que les Côtes d’Armor c’est la nouvelle Côte d’Azur, mais en vrai, le 17 et le 18 ont été les seuls beaux jours d’un mois veiné de pluie et camouflé dans un manteau de brouillard. Tu peux pas imaginer (enfin si, sûrement, mais bref) à quel point ça m’a fait du bien de voir le jour.
Tout était si simple, aujourd’hui. D’habitude le samedi, c’est le jour où je commence à stresser parce que j’ai plein de trucs à faire – et que je ne vais pas les faire parce que j’ai décidé que oui, le dimanche, je ferai RP avec les copains. Ce samedi avait un goût de confinement sans l’interdiction de bouger, c’était trop bien. Je me suis baladée, j’ai fait le ménage, j’ai bouquiné, et j’ai passé du temps juste à regarder par la fenêtre parce que j’avais aucune envie d’être devant le PC.
Ce dimanche ne prend pas la même direction, vu qu’il est 2h33, mais ça m’est complètement égal puisque lundi ne sera rien de plus qu’un autre samedi, and so on. J’ai même prévu d’aller au cinéma, mardi.
Cette semaine, je vais me vautrer dans mon canap’ avec un roman, me vernir les ongles et regarder par la fenêtre. J’allais dire « c’est tout », mais il faudra bien que je m’affronte à ma pile de copies. Qu’importe : tout sera… évident. Je vais écouter autant Angoisse que le microbiote agaçant qui me dicte mes tourmentes depuis des lustres, et que j’ai pris soin d’ignorer. Je ferai ce que j’ai à faire, et j’émergerai en janvier, alignée, reposée et sereine. Méthode Coué ou rituel, je m’en fous. Les mots que je trace proviennent de la partie de mon cerveau que je muselle le reste du temps, ils n’ont rien de prophétique ; en revanche ils incantent un futur que je souhaite voir advenir, et que je coucherai sur les pages blanches soigneusement préparées.
2 commentaires
Aimons bien, chers démons, entre fourbes grincements huppés & interruptions justes. Kabbalistiques lynchages me névrosent, osons poser questions ! Rêvons sans trop utopiser, vois Walkyrie x y z…. J’aurai essayé :p
Ton récit du 18 et de te raccrocher aux choses simples me fait du bien à lire et me rappelle à de saines évidences, merci pour ce partage ;)
Hey ! Stylé, l’exercice de style !!