Écritures à la petite semaine #8
Du soleil, les griffes d’Angoisse et une chouette conclusion.
Samedi 27 juillet
Compliquée, cette journée. J’ai dormi onze heures, pris un (petit)déjeuner et me suis recouchée parce que c’était un de ces jours où le café m’accélère le cœur au point de me faire défaillir (et je sais pas le voir venir.)
C’était un de ces jours où tirer trois taffes de ma cigarette électronique me fait voir des étoiles, je ne l’avais pas non plus vu venir, je me suis étendue sur le plumard pour me reposer entre chaque lé de papier peint qu’Ubik posait dans la salle de bain et pour lesquels ma contribution a été d’éviter que ça ne se plie s’enroule se prenne dans la colle.
J’ai l’habitude d’être un genre de larve dépourvue de muscles, mais je ne me fais pas aux vertiges-faiblesses dont les symptômes n’ont rien de psychologique, enfin, je crois pas, je me suis réveillée deux fois ces derniers jours la main – droite – engourdie alors que j’étais sur le dos.
Quoi qu’il en soit, on est passés d’un mur blanc à une prairie vue d’insecte, à des éclats de roses et jaunes aux sommets de tiges vertes dans des tons pas si pastels, et le livreur a laissé mon cadre sur le pas de la porte vu que je ne lui ai pas ouvert parce qu’il était 10h du mat’ un samedi, donc mon Totoro imprimé par Marion l’année dernière trône désormais dans la cuisine et je suis ravie parce que je me suis pas plantée et que la couleur du cadre colle parfaitement avec celle du petit monstre.
Dimanche 28 juillet
IL FAIT BEAU.
Il fait beau et comme beaucoup de gens ici je pense, nous avons sauté sur l’occasion d’aller à la plage. Chaque fois c’est une mini-épiphanie. Nager vers l’horizon, sentir les muscles qui se détendent, la cage thoracique qui s’ouvre, et se fondre dans quelque chose de plus grand que soi. La température de l’eau était idéale, environ 18°, juste ce qu’il faut pour y pénétrer avec un minimum de respect, et devoir bouger pour ne pas avoir froid. Quel bonheur d’en sortir en me sentant si vivante, si alignée avec mon corps, et de reprendre la voiture pour aller acheter du melon et … de la viande à faire griller sur le barbecue, plaisir désormais interdit mais tant pis, allez, pour cette fois… J’ai enfilé une robe achetée à Lanzarote et encore jamais portée, remis le salon de jardin sur la terrasse pour la première fois de l’année ; on a eu chaud au soleil alors on est rentrés, et puis on s’est régalés, le melon était délicieux, les poivrons grillés nickel, et tout était doux et lent comme devraient l’être tous les étés.
Mardi 30 juillet
C’est marrant, le dernier billet d’Eliness fait écho à une question que je me pose beaucoup en ce moment, mais je ne m’en suis pas aperçu immédiatement. C’est peut-être lié aussi aux commentaires de Dame Luciole et de Redscape, qui m’ont fait le relire sous un autre angle. Toujours est-il que tous ces écrits tournent autour de la question de l’effort et du lâcher-prise, qui fait forcément écho parce que depuis le début des vertiges et des crises de panique j’ai l’impression de ne pas trouver l’équilibre. Je suis obligée de me forcer à faire certaines choses qui ne me posaient aucun problème avant. Certaines m’apportent réellement du bonheur. Pour d’autres, je renonce, et ça me fait peur, je ne sais pas si je m’enferme dans une situation qui n’est pas normale ou souhaitable, ou si c’est une bonne chose de me préserver.
En tout cas tout est devenu négociation avec moi-même et c’est fatigant. Hier par exemple, je suis retournée à la plage, toute seule. J’ai passé la moitié du trajet la boule au ventre, et je peux même pas dire que c’était parce que je conduisais, car la veille aussi j’avais flippé. Il a fallu qu’Océane diffuse le dernier Indo pour que ça décrispe un truc dans mon cerveau et que je me dise enfin ce que j’aurais dû penser depuis le début : « c’est trop cooooool j’suis en vacances et je vais à la meeeeer ! »
Et le soir, mon amie LN venait manger à la maison, et j’ai passé tout l’aprèm à lutter contre des montées d’angoisse, qui étaient pour partie liées à des questions idiotes du style « et si on n’avait plus rien à se dire, finalement ? » mais tournaient surtout autour de… la peur d’avoir peur. Et si j’angoissais ? Et si j’étais pas disponible comme je le devrais ? Et si j’y arrivais pas ? Bordel, toutes ces questions alors que j’accueillais simplement celle qui est devenue ici mon amie la plus proche…
Jeudi 1er août
Le ciel est légèrement voilé et il y a un peu de vent. Avec toutes les fenêtres ainsi que la porte d’entrée ouverte, ça fait du 28° à l’intérieur (ressenti un peu moins avec le courant d’air) et c’est nettement plus respirable que les 35 des deux derniers jours. Pas de méprise, je suis toujours aussi heureuse qu’il fasse beau, mais on est en BRETAGNE : chez nous on emploie le mot canicule dès que ça dépasse les 25 degrés :D
Au moins je peux porter les deux seules robes dans lesquelles je me sens à l’aise, et mes mini-shorts et tous mes jolis hauts d’été. Je ne suis même pas sûre de les avoir étrennés l’année dernière, quand le soleil s’est pointé c’était septembre, et pour aller en cours, je n’ai qu’un uniforme, jean-tshirt-doc’martens.
Je n’ai rien fait de bien constructif, ces derniers jours. J’avais si chaud que même réfléchir m’était difficile, autant dire que ma préparation de cours est au point mort. Heureusement, j’ai fini la première séquence des STMG, tout est prêt jusqu’aux vacances d’octobre, ce dont je ne suis pas peu fière. Avec les BTS ce sera un peu plus l’impro ; quant aux cinquièmes, j’ai beaucoup de matériel réutilisable, je m’en occuperai pendant qu’Ubik sera parti à sa semaine geek.
C’est une bonne journée. On a fini le ménage dans l’ex-appart’ de ma sœur, elle a rendu les clefs alors c’était vraiment une page qui se tourne. J’ai presque pas dormi de la nuit, la maison en face est TOUJOURS en chantier, mais il fait doux, j’ai échangé des texto avec Lou, reçu un message de Dame Ambre (ou Luciole ?), et cela me fait me ressouvenir que j’ai jamais été aussi comblée que cette année par mes relations sociales (et dieu sait que c’est pas mon meilleur skill, les relations, j’en attends toujours trop et souvent je donne paradoxalement trop peu. En fait j’en viens à conclure que puisque j’ai des relations qui fonctionnent, c’est que les autres n’étaient pas destinées à advenir parce qu’on ne se comprend pas, tout simplement, et c’est très bien comme ça.) Et cette parenthèse étant déjà bien trop longue, je vais mettre un terme à ce billet qui ne ressemble plus à rien.
10 commentaires
Cela me plaît beaucoup, les pistes de réflexion qui s’entrecroisent et se nourrissent d’un blog à l’autre :)
J’ai longtemps vécu beaucoup d’hésitations de vie sous l’angle de l’effort / lâcher prise mais avec le temps, je crois que ça m’aide davantage de les considérer par la question du point de vue. Très souvent je réalise que ce qui change mon vécu d’un événement est ma simple perception, que je constate avoir bien plus d’importance que l’événement en lui-même. Je m’efforce de plus en plus d’avoir davantage conscience de mon pouvoir / contrôle sur mon interprétation des événements et c’est fou ce que ça ouvre comme possibilités. C’est quelque chose de très nouveau dans ma façon de vivre aussi je ne suis pas encore très capable d’élaborer à ce sujet, mais c’est ce que m’évoque ton 30 juillet.
PS : Il est chouette, le papier peint de la salle de bains !
Je suis, en théorie, totalement d’accord avec toi, et il m’est d’ailleurs arrivé à maintes reprises de réaliser que j’étais grognon et de réussir à faire bouger le curseur. Toutefois, je n’arrive pas à appliquer cette méthode à mes récents 30 juillet et consort, parce que je n’ai pas du tout la sensation de partir du mauvais pied, j’aimerais que tout aille bien, j’ai envie de vivre l’événement en question la plupart du temps, mais Angoisse me le fout en l’air avant qu’il n’advienne. En gros, j’ai l’impression d’être tiraillée entre deux perceptions, et c’est un peu difficile de lutter contre celle qui me fait me sentir mal physiquement.
Mais j’y travaille :)
Je te le concède : lorsque j’ai une crise d’angoisse qui pointe le bout de son nez, toutes ces belles idées sont jetées par la fenêtre tant ce sentiment primitif prend le dessus, peu importe sa subjectivité.
J’ai toutefois espoir qu’à force de pratique mentale, on finisse par apprendre à avoir un peu plus de recul sur ces absolus-là aussi – sans pourtant vouloir les anihiler. Ce n’est plus mon but d’échapper à l’angoisse, tout au plus j’espère mieux réussir à l’accompagner, l’encadrer, la bercer, l’accepter.
J’adore la désinvolture qu’entraîne l’été. Je ne sais pas pourquoi on arrive pas à ressentir ça le reste de l’année… J’aimerais toujours des journées simples comme ton 28 juillet où tout s’enchaîne sans prise de tête avec soi-même et pour moi, sans prise de tête avec Monsieur. Une sorte de calme. Le calme, c’est bien, c’est pas ennuyeux.
p.s : j’adore aussi ton papier peint !
Je ne sais pas pourquoi on arrive pas à ressentir ça le reste de l’année…
Tu poses LA question que je me pose tout le temps :D
Dame Luciole ou Ambre… moi-même je me perds. Mon vrai moi c’est Ambre mais j’ai eu un souci et j’ai dû me renommer en catastrophe. Le souci étant désormais écarté, j’imagine que je peux reprendre Ambre pour le blog et Luciole ailleurs ^^ (dont acte).
Pour tes vertiges, je vois deux pistes (les autres seraient médicales, donc un médecin saurait mieux dire). J’en ai eu jusqu’à ce que j’arrête de boire totalement du café. Je suis passée au déca (j’aime le goût, c’était dur de m’en passer) et je suis un peu revenue au thé. Ça a stoppé net mes vertiges et palpitations. Et en deuxième, la piste de l’autisme (l’angoisse peut générer tout ça et ton 30 juillet m’amène de nouveau sur ce chemin). Ça peut valoir le coup de creuser un peu des sites ? Ne serait-ce que pour voir comment est gérée l’angoisse de ce côté et si ça peut t’apporter quelque chose, il existe des objets par exemple à manipuler (pour faire redescendre des pensées qui montent comme ça). Le but n’étant pas de te cataloguer autiste de manière sauvage, mais de piocher dans leurs ressources pour gérer une crise d’angoisse. Après tout, on a tous des astuces à partager, autant en profiter :)
Et (promis je ne copie pas les deux autres), j’adore ton papier peint ^^
Alors je garde Ambre, j’adore la sonorité de ce mot :)
Le café, ça me semble une piste exploitable, vu mon 27 juillet. Je bois déjà beaucoup de tisanes et de thé, mais comme toi j’aime le café, alors parfois je cède alors que je devrais de toute évidence avoir appris qu’il valait mieux éviter si j’étais déjà fatiguée.
Pour ta deuxième piste, je te répondrai par mail !
Merci les filles, vos compliments sur le papier peint ont été transmis à Monsieur, puisqu’il l’a posé, et j’ai savouré le fait d’avoir une « communauté » à qui montrer ce genre de choses, et que ladite communauté valide. J’ai un peu honte, mais ça me fait plaisir :)
Pour la contrainte et le lâcher prise… J’imagine que faut savoir hiérarchiser ce à quoi on accorde de l’importance : tu aimes la mer, ça vaut le coup d’y aller. Tu aimes LN, ça vaut le coup de l’accueillir. Mais bon, ça ne signifie pas pour autant que tu dois le faire tout le temps…. Ou que c’est tjr le bon moment. Alors faut jongler avec tout ça :/ Par contre je pense que ce qui peut aider plus, c’est qu’il faut se souvenir que les enjeux ne sont pas démesurés : t’es pas allée à la mer ? Et alors ? Ça n’a tué aucun chaton. Tu n’as pas voulu voir une amie ? Et alors, elle ne va pas te fuir pour autant :)
Pour moi l’une des clés, réellement, c’est la patience et la bienveillance envers soi. Chez moi l’angoisse naît souvent d’une dissonnance, quelle qu’elle soit. Si je dis en haussant les épaules « bah tant pis, c’est comme ça », complétez par « je suis une ivrogne », « je suis une pareseuse », le tout dit avec bienveillance (je fais un peu de sarcasme pour dédramatiser, là :D ) Alors ça va !
Et oui, très beau papier peint :D
Je note :D
Car tout sarcasme mis à part, tu tiens peut-être une clef, me semble-t-il, dans ce « et alors ? » C’est peut-être la réponse à cette question qui devrait nous guider.
Et merci pour le papier peint ;P