Florilège #2 : Purification
Lupercales.
Tu vas trouver ça redondant, puisque je me sens obligée de le dire à chaque (rare ! pourtant) fois que ça arrive, mais le 2 février, un dimanche, il a fait beau. Et encore une fois on s’est regardés, entre nous s’étiraient les presque deux ans de pluie et de tempête qu’on s’est pris sur le coin du nez sans oser broncher, des fois que ça dure… et bien sûr on est montés dans la voiture et on a mis le cap sur la côte.
La première fois que j’ai vu la plage Bonaparte, c’était en mai, de quelle année je ne sais plus, j’avais posté une photo ici, de l’arche tracée à la dynamite dans la falaise et de la mer immense derrière : à marée haute il n’y a pas de rivage. C’est d’ici que les aviateurs Alliés abattus étaient exfiltrés par le Réseau Shelburn.
Quand la radio de Londres émettait le message « Bonjour à tous dans la maison d’Alphonse », cela annonçait une mission d’évacuation imminente vers l’Angleterre lors d’une nuit sans lune. Les aviateurs étaient rassemblés dans la maison de Jean et Marie Gicquel appelée la maison d’Alphonse. Il fallait alors parcourir deux kilomètres à pied de nuit sur un sentier de la falaise étroit, sineux et miné. (…)
À un signal donné, les hommes descendaient vers la plage en se laissant glisser sur les fesses. Il fallait ensuite avancer dans la mer jusqu’à la taille. Des barques les récupéraient pour les amener à 3 km de là vers une vedette rapide ancrée tous feux éteints.
« Plage Bonaparte », Wikipédia. C’est le même texte qui est inscrit sur les panneaux de médiation culturelle installés sur les lieux.
Il y a des Gicquel, dans ma famille, sans doute un pur hasard, mais c’est toujours étrange de croiser des noms familiers quand on a l’impression d’être déraciné.
La dernière photo, c’est le temple de Lanleff, aucun rapport si ce n’est que c’était sur la route ou presque, on s’y est arrêtés au retour. Personne ne sait vraiment ce que c’est. L’affichage indique que la structure n’est pas païenne, contrairement aux apparences, que c’est une église romane. Je demanderai à mon beau-père : je n’ai jamais vu d’église romane circulaire et les « preuves » archéologiques citées ne sont guère convaincantes en l’état (nan mais vraiment ! En dehors du fait que : laisse-moi rêver, bordel !)
Le weekend d’après il y a eu Saint-Nazaire, l’hôtel vide, le musée-paquebot, Branféré, le froid, et l’épuisement le soir.
Le 8 au soir, j’ai regardé In a violent Nature, enfin, le début. Je te fais grâce des détails parce que je me suis rendue compte (enfin !!) que j’étais bien trop bavarde, mais je te partage ma conclusion :
Grand Prix Gérardmer, bah putain… Tu vas me dire, le Laugier en était déjà un, ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
Lu sur Sens Critique, et ça me fait hurler de rire (je trouve ça parfaitement représentatif) : « Documentaire dont le parachèvement est indubitablement son personnage principal, sorte de Jason Voorhees du pauvre ultraflegmatique au pas éléphantesque, qui se révèle être à l’horreur ce que Derrick est à la police ou bien Michel Drucker aux talk shows. »
J’ai enchaîné sur Les locataires (♥♥), qui m’a paru si familier que j’ai passé la moitié du film à discuter avec Basile pour essayer de retrouver à quoi ça me faisait penser, pour finalement admettre que sans doute je l’avais, tout simplement, déjà vu.
Le 11, je regarde Les Chambres rouges (♥♥♥). J’aime le bleu-gris de l’aube et les ombres qu’apportent les oranges dans la scène d’ouverture. Le reste, si tant est qu’on puisse appeler ça comme ça, je l’ai mentionné dans les écrits à la petite semaine déjà linkés plus haut.
C’est la veille sans doute que j’ai fait un point « Chroniques de la prairie » et dégainé l’appli Birdnet pour identifier sans trop de doutes possibles le chant d’une mésange charbonnière. La nôtre chante plus aigu que celle-ci, mais les deux notes me paraissent toutefois caractéristiques.
À partir du 25, grâce à un texto d’Eliness, je me mets à écouter en boucle la BO d’Archons composée par Olivier Orand. Pour l’album, je ne sais pas, mais je n’ai que peu d’incertitude concernant The Forest : top 1 de mon classement Spotify à la fin de l’année. J’ai écouté l’album vingt fois déjà, mais j’active la répétition de The Forest dès que je rédige un billet blog, et c’est le troisième en quatre jours, sachant que je mets des heures à les peaufiner (je ne prends aucun commentaire sur la qualité desdits billets, je sais déjà.)
Aujourd’hui j’ai tout de même mis pause le temps d’écouter les premiers titres du dernier Blutengel, oui, avant le dernier single de Dulce Liquido et le dernier Nachtblut, je sais, que veux-tu. C’est un triple album, tu ne seras pas surpris(e) d’apprendre que je me suis lassée au bout de quatre morceaux.
Maloriel est venue à la maison pour m’apprendre et m’aider à jardiner. On a désherbé le « jardin » d’herbes aromatiques et défriché un bout de terrain en vue d’autres plantations. Je crains d’avoir bousillé le nid d’un oiseau qui nicherait au sol, je n’ose vérifier tant je n’y ai pas cru sur le moment : il aurait nidifié sous la boîte carrée du salon de jardin ? Je crois que je vais m’enfermer mentalement dans un monde dans lequel ce que je viens sans doute de commettre n’a jamais eu lieu.
Et dans cette perspective, seulement te dire que piocher-bêcher est ma première activité physique depuis des mois et que ça m’a fait un bien fou. L’anticyclone tant attendu semble s’être enfin arrêté sur la Bretagne, on vient d’enchaîner un jour et demi de soleil, le crépuscule était radieux, or et bleu ardoise avec la silhouette d’encre noire des bouleaux qui s’estompait-éclaboussait devant.
(Je ne trouve pas trace d’oiseau-nicheur en dehors des côtes, qu’est-ce que c’était bon dieu.)
*
En vrac :
Michelle Trachtenberg, qui jouait Dawn dans Buffy, est morte à 39 ans et ça m’a foutu un sacré coup. Je pensais pas qu’à quarante ans je verrais mourir tant de gens du même âge ou presque que moi. Je me rappelle qu’Ubik m’a dit qu’on devait se réjouir d’être encore en vie plutôt que de pleurer sur le fait de vieillir et ça fait de plus en plus sens.
On a été à la SPA et c’était pas concluant, on ira si on nous répond au refuge de Trégrom, il y a un chat quelque part dont on va tomber amoureux (plusieurs sûrement, plusieurs déjà pour ma part, je voudrais absolument tous les sauver mais je ne peux pas, vraiment, en prendre un qui va nous briser le cœur une seconde fois. Pas maintenant.)
Je prends du fer en complément depuis une dizaine de jours. Putain c’était ça. J’ai l’impression de revivre.
Arrêter de faire semblant : je m’en sors pas trop mal, sauf pour ce qui est de faire semblant d’avoir compris alors que j’ai pas entendu.
9 commentaires
Je tenais tellement à publier ce billet hier (ce fut fait à 23h59) que j’en ai oublié trois choses dont je souhaitais parler mais qui ne figuraient pas dans le brouillon ! Et comme je ne veux tellement pas voir encore se dédoubler la date, qui en devient illisible (et puis c’est juste exaspérant), je mets ça ici, comme un post-it : le 15, j’ai fini de lire Piranèse, un étrange roman de Suzanna Clarke que j’ai adoré.
Le même jour, je pense, on a vu le premier volet de Furiosa, très décevant !
Et je voulais vraiment te dire d’écouter (et de voir) ça :
:D
Pour le nid il faudrait limite identifier par les œufs. Tu as le rouge-gorge, le rossignol, le pouillot aussi..
Il n’y avait pas d’œufs, je ne suis pas une psychopathe enfin :D
Ah bah ça va alors :D
(non non, loin de moi cette idée !)
Mais bon du coup c’était quand même un nid, vide certes, mais en bon état, y’a une bête qui a travaillé dur pour le fabriquer…
Belle la mer ♥
Pour le nid, ce n’était peut-être pas un oiseau mais un rongeur, il y avait des poils dedans ou des plumes ? après rassure-toi vu la saison, c’est probablement un nid de l’an dernier, pas encore occupé car c’est un peu tôt pour la saison
Il n’y avait rien dedans, rien que j’aie vu en tout cas, mais il était en si bon état que j’ai eu un doute.
Oui, la mer est magnifique ♥
Je viens de voir ton ajout en commentaire et de me renseigner sur Piranèse, ça a l’air étrange et j’ai envie de le lire Joie, il est dispo à la médiathèque !
C’est vraiment étrange en effet, je ne sais pas si tu as vu, sur Babelio les avis sont très contrastés. Tu me diras !