Glisse
Comme chaque année en juin. Je le sais si bien que j’écris ce billet un 29 mai.
Je l’écris aussi pour ancrer qu’au milieu de ces cycles parfois chaotiques, il y a le vide : parfois deux semaines, parfois trois jours, j’ai mes règles. Le SPM ne me pose pas de problème majeur. Un peu de fatigue, le ventre qui tire ; je sais que « ça » arrive. Mais « ça »… C’est devenu l’enfer. Au cœur du truc, je perds tellement de sang, par vagues impossibles à endiguer, que je dois porter des Tena Silhouette. Même mes culottes menstruelles post-partum ne suffisent pas. Il y a trois mois, ça s’est traduit par une telle faiblesse en arrivant au boulot que Stéphanie a pris ma classe tandis que je m’allongeais sur un matelas de fortune dans le bureau du CPE.
Je passe un temps assez conséquent à culpabiliser, dans ma vie. De n’être pas assez ceci et trop cela. C’est pourquoi je nous écris maintenant (je sais très bien que toi aussi tu t’es déjà dit ça) qu’à un moment, stop. J’allais dire « c’est normal d’en passer par là », apparemment non, j’ai lu des horreurs dans les commentaires de journaux locaux à propos du congé menstruel. C’est pas la norme admise, ça n’en reste pas moins une réalité : y’a des moments où ni toi ni moi ne pouvons ou ne devrions faire autre chose que nous mettre en pyjama et boire des tisanes allongées dans un canapé avec un plaid. C’est valable pour tout un tas d’autres raisons, mais c’est la mienne aujourd’hui, parce que c’est une des seules dont je sois sûre, me concernant, qu’elle est vraiment problématique. Je suis lessivée. Par les crampes nocturnes, par la perte de sang, par la rigidité du corps et l’humeur exécrable induite.
Ipso facto (une locution qui me donne l’impression d’avoir le hoquet), si j’ai bien assuré mes cours ce matin, j’ai absolument rien foutu cet après-midi, à part finaliser le billet précédent. Pas corrigé de copies, pas préparé de cours, juste aller faire des courses dans lesquelles j’ai fourré une plaquette de Milka aux noisettes et deux thrillers. Et glisser. Entre les soubresauts électroniques de mes groupes préférés. À défaut de reposer le corps, rafistoler l’esprit.
5 commentaires
C’est là que je mange le plus de chocolat moi aussi. Je suis pliée en deux sous un plaid avec une tasse de thé, mais je ne vis pas ce que tu vis. Je compatis beaucoup..
C’est pas un concours, mais déjà si t’es pliée en deux, c’est que tu douilles !
Et le chocolat, c’est une « découverte », mais wahou ça m’a fait du bien :) J’essaierai de m’en souvenir !
Sans vouloir comparer, je vois bien que je ne vis pas ce que tu vis. Je douille, mais ce sont les caillots le problème pour moi. Même très abondantes et douloureuses, ce n’est pas une hémorragie. J’imagine que tu as consulté, ou pensé à…
Le chocolat, une bouillotte et une tasse de thé <3 (la bouillotte sur le ventre ou les reins me sauve, coté douleur)
« y’a des moments où ni toi ni moi ne pouvons ou ne devrions faire autre chose que nous mettre en pyjama et boire des tisanes allongées dans un canapé avec un plaid » J’aurais aimé qu’on me dise cela bien plus souvent dans ma vie plutôt qu’une injonction à serrer les dents ; en luttant tellement dans notre corps, c’est double injustice que de nous imposer une lutte culpabilisatrice dans l’esprit aussi. Merci beaucoup pour cela.
PS : Sans vouloir rebâcher l’évident mais au cas où, j’ai le même réflexe que Dame Luciole : as-tu déjà exploré différentes pistes médicales ? Je me souviens vaguement que tu avais évoqué ta contraception dans un article passé, je sais que dans mon cas elle a un impact immense sur mes cycles et les symptômes associés…
J’ai rendez-vous chez la sage-femme pour une écho, demain :)
Je suis sous anti-coagulants, donc ça n’aide pas. Mais ce qui est bizarre, c’est que ça doit faire une petite dizaine d’années que je suis sous médicaments, mais que c’est seulement depuis deux ans que mes règles sont devenues problématiques comme ça. J’avais commencé par supprimer le stérilet cuivre, au profit d’un implant. J’ai fini par retirer celui-là aussi parce que ça durait des semaines. Et maintenant, j’ai zéro contraception… (enfin, si, le préservatif, en attendant la vasectomie programmée en septembre.)