Miscellanées d’août
Une
Seconde
À
La
fois
Je m’attendais à voir le mois d’août défiler à toute vitesse… Finalement, il a été très riche et surprenant, et je ne sais pas bien comment en saisir l’essence. Je n’ai pas l’habitude que mes vies se bousculent autant ! J’ai donc opté, une fois n’est pas coutume, pour un billet chronologique.
18 août 2021
J’ai dans la tête un vivier de personnages jamais encrés mais néanmoins écrits. Il n’est pas une scène que je me représente qui ne soit pas, en même temps, racontée – les mots me permettant d’appréhender, de comprendre donc, d’analyser. Sans doute cette phrase a-t-elle peu de sens si je ne précise pas que chaque personnage incarne nécessairement une part de moi. Une part de moi à explorer, allais-je renchérir, mais à toi ça semblera redondant, si tu me lis depuis longtemps. Pour ma part, j’ai encore tendance à m’en rendre compte après coup, aussi débile que ça paraisse.
Ce mois-ci, c’est Stéphane qui a joué le rôle principal. Ça ne me semble pas anodin parce que, d’une part, c’est le plus ancien et d’autre part, malgré ce que je lui ai infligé de doutes et de fêlures, ça reste un des plus stables. Stéphane, c’est un de mes piliers. Et je l’ai effondré. Je lui ai collé une putain de dépression, et c’est ce qui m’a permis de traverser le mois d’août.
C’est à lui, et non à moi, que j’ai répété, après qu’il ait émergé de sa torpeur : « Une seconde après l’autre, Steph. » C’est lui que j’ai traîné, engourdi, au supermarché, c’est lui qui est resté assis en tailleur sur le canapé, à respirer, une
inspiration
après
l’autre
C’est à lui que j’ai demandé : « t’es sûr que tu veux regarder ça ? » et c’est lui qui m’a répondu « ça peut pas me faire de mal. Au moins ça montre des gens à qui il arrive vraiment des trucs. » Ce à quoi j’ai répondu : « ce que tu ressens est réel.
– Peut-être, oui, c’est pas ce que je voulais dire. Mais je n’ai pas de problèmes. Je suis malade, oui, mais tout va bien. »
Peu ou prou. Je ne suis pas encore disposée à écrire mes dialogues intérieurs au fur et à mesure. Bref. C’est Steph qui a absorbé mes angoisses.
*
19 août 2021, 01h15
Tout à l’heure, je nettoyais les chiottes en écoutant de la transe (et après on se demande pourquoi j’ai pas envie d’écrire les trucs triviaux) et la Vague m’est remontée du fond des tripes. Je suis restée comme une conne avec ma brosse, à compter. Inspire. Pause. Expire. Un ; deux ; trois. Et au passage, va te faire foutre, papa. Ouais, faites-en ce que vous voulez.
Inspire, pause, expire.
Avant, je comprenais mal comment le deuil pouvait être relié à une date précise (j’ai pas trop envie de t’expliquer à quel point je peux être obtuse quand les choses me dépassent.) Depuis, je suis obligée de me plier devant l’évidence : certains souvenirs laissent des plaies qui restent ouvertes. C’est d’autant plus étrange qu’évidemment, avant que ma mère ne trépasse, bah j’allais bien*. Il serait plus sensé de me vautrer dans le mal-être qui a succédé ce jour, au moins jusqu’aux funérailles. Mais non. Chaque jour qui me rapproche du 22, ma tension monte comme si ça devait se reproduire. Le 23, ça retombe. Mon cerveau se souvient que le 22 le monde s’effondre, et appréhende son arrivée.
* ouais, bon…
Oh mais ça ira. Maman m’a légué sa colère.
*
Ça a certainement joué en faveur de Nevernight. Enfin non, c’est hyper mal formulé : Nevernight compte parmi les meilleurs bouquins que j’ai lus ces dernières années. Au dos du tome 2, il y a un extrait de la chronique d’USA Today, qui dit, en gros « vous ne saurez pas quoi faire de vous-même quand vous l’aurez fini. » Bah c’est exactement ça. Je tourne en rond. Le tome 3 est dispo en anglais, et la seule chose qui me retient de l’acheter, c’est que ça fera bizarre dans ma bibli, vu que j’ai lu les deux premiers dans leur édition française, tu comprends. Ceci dit, je suis vraiment pas sûre d’attendre la traduction. Nevernight m’a scotchée dans mon canapé jusqu’à six heures par jour.
Jay Kristoff, c’est l’auteur de La Guerre du Lotus, autre coup de cœur d’il y a déjà des années de ça. Le dernier livre que j’ai lu en anglais faute de patience, c’est Harry Potter. C’est pour te dire !
Jay Kristoff, déjà, il écrit des héroïnes. Et elles sont putain de crédibles. Et puis il a une gouaille, une imagination… Bordel, qu’est-ce que j’aimerais écrire comme ce mec. Et bref, pour en revenir à Mia, dont Nevernight conte l’histoire… On se ressemble sur un point (c’est le seul, la meuf est beaucoup trop badass pour que je puisse seulement espérer) : sa rage la maintient en vie et guide ses actions.
31 août 2021, 17h43
Pour plein de raisons sur lesquelles il est inutile de revenir, Ubik et moi ne sommes finalement pas partis en vacances. Histoire de quand même faire quelque chose qui nous sorte un peu du quotidien, nous sommes allés voir les thermes romains du Hogolo, dont j’ai découvert l’existence grâce à Fileuse. Je m’imaginais un site plus grand, et il y avait une animation sur la plage en contrebas, à base de musique nulle à très haut volume. C’était tout de même une jolie balade.
Quelques jours plus tard, Ubik m’a emmenée voir les Sept Îles : ça fait autant d’années que j’habite ici, et nous n’avions jamais fait la croisière ! J’ai adoré cette excursion. Il a fait très beau pendant toute la traversée (mais moche avant et après) et il y avait peu de monde dans le bateau car la compagnie ne charge pas à capacité maximale, à cause du covid. Embarqués parmi les derniers, nous n’avons pas eu de place dehors, mais qu’importe – au moins on était au chaud ! Nous avons pu admirer la colonie de fous de bassan de Rouzic sous toutes les coutures, même si on ne les distingue sur aucune des mes photos, vitre mouillée oblige. Nous avons également aperçu deux phoques, et vu en pleine action des thons rouges en train de chasser ! Je ne sais pas si c’était si exceptionnel que le guide voulait bien le dire, mais son enthousiasme était à la mesure du mien.
D’habitude, nous partons environ une semaine, du coup cette fois on a profité des économies réalisées pour se taper un hôtel cinq étoiles pendant une nuit. Une fois installés, la première chose que nous avons faite, c’est d’aller au spa, parce qu’on n’avait jamais mis les pieds dans ce genre d’endroits et que c’était quand même stylé :) La vue sur la baie était impressionnante et on est sans doute passés pour des clodos parce qu’on s’est pas douchés en arrivant, vu qu’on venait de le faire dans la chambre. C’était mon premier jacuzzi et mon premier hammam – j’avais déjà été au sauna et décidément je trouve que c’est assez désagréable, même si t’es content d’avoir sué. La chaleur humide me donne l’impression de suffoquer. Après ça on a pris l’apéro puis on est parti dîner en ville. On a trouvé une super pizzeria dans un passage ; la déco était chouette et la serveuse faisait de son mieux alors qu’elle maîtrisait mal le français. Le gérant était… particulier ! Franchement, j’ai adoré.
Je ne vous mets pas de lien vers le site de l’hôtel, vu qu’ils n’ont pas besoin de moi pour se faire de la pub et que je ne suis pas là pour ça non plus. Je peux toutefois vous dire que c’était l’Agapa, et que le petit-déj’ y est beaucoup trop cher : 25€ !! Sachant que j’étais malade et que j’ai rien mangé, ça jette un froid :) Par contre le maître d’hôtel était impressionnant de bonhomie. Vous pouvez imaginer, je pense, le genre de clientèle qui peut se permettre une semaine dans un établissement de luxe… Une dame s’est plainte pendant dix minutes d’un bouton qu’elle avait sur la lèvre, arguant que les flics espagnols n’étaient pas compréhensifs alors que c’était à cause du masque qu’elle avait ça, et que les gens ne comprenaient pas à quel point c’était douloureux… On l’a retrouvée dehors un quart d’heure plus tard, l’air toujours aussi en forme.
*
La semaine suivante, Ubik est parti à Budapest avec BBM, et moi j’ai commencé ma formation. Cinq jours, 9-17h en distanciel, une heure de pause déj’. C’était tellement dense et souvent ennuyeux à la fois que le soir, j’étais incapable de la moindre activité intellectuelle. D’où la parution tardive de ce billet. Je me levais à neuf heures moins dix et à partir de 18h, je matais des films, sauf vendredi aprem où on avait un peu de temps et où j’ai rédigé la première partie de mon dossier.
Nous sommes vingt-quatre dans cette formation qui nous prépare au concours interne, et je dois avouer que c’était hyper sympa. On a tout de suite constitué un groupe whatsapp (j’ai accepté d’installer l’appli parce que j’allais pas faire chier avec mes principes alors que j’avais vraiment envie de participer.) Et tout de suite, y’a eu des échanges à bâtons rompus, de l’entraide, des encouragements… Ça m’a boostée à bloc. Le groupe s’est soudé presque instinctivement, tout le monde est hypra bienveillant. Et on a pu constater à quel point le cliché du prof de lettres était vrai : on est des gens à chat :D Quand on s’ennuyait, on échangeait des photos, on blaguait, on se serrait les coudes. Franchement, j’ai hâte de rencontrer mes collègues en octobre.
*
Hier, j’ai découvert l’établissement dans lequel je ferai la majeure partie de mes heures et aujourd’hui, c’était la pré-rentrée. Je suis déjà fatiguée, pour tout vous dire. Je suis affectée au collège-lycée Saint-Pierre, à Saint-Brieuc, et à son petit frère de Plérin. Je pense que je vais beaucoup me plaire à Saint-Broc – dans le bahut, je veux dire. La ville… Je la HAIS. L’école est situé dans une ruelle et ne dispose pas de son propre parking. TOUS les parkings de la ville sont payants. Enfin, non, c’est pas vrai, y’a une rue gratuite pas loin, prise d’assaut évidemment, et un parking gratuit à vingt minutes de marche. Comme si j’avais que ça à faire après une demi-heure de route de me taper vingt minutes de marche. Un abonnement semestriel au parking le plus proche coûte 386 € ! Bref… Vive les municipalités de gauche*.
* Je suis de gauche hein, je peux vous le dire, c’est pas grave. Dans mon coin, tous les maires sont de gauche, et y’en a pas un qui mène une politique sensée.
Plérin, je pense pas que je vais m’y plaire. On verra : j’y ai rencontré une collègue de français que j’ai trouvée adorable. Mais on m’a attribué les latinistes de la 5e à la 3e et, faut-il le répéter, je ne suis pas latiniste. Par conséquent, je n’arrive pas vraiment à me sentir concernée.
*
Il faut finir ce billet – vu qu’on est déjà le 31 -, et j’ai pas le courage d’enjoliver. J’ai regardé deux à trois films tous les soirs pendant l’absence de Ubik et après je me suis découvert une passion pour Brooklyn 99, donc je récap’ !
J’ai vu :
Le Hobbit 3. C’est vraiment un nanar, en vrai. Mais c’est beau, visuellement parlant !
Angel Heart ♥♥♥ : un film d’Alan Parker qui m’a époustouflée par sa photographie et ses cadrages, et dans lequel j’ai trouvé Mickey Rourke très convainquant.
Insomnies ♥♥. C’est l’histoire d’un type qui attend un peu trop longtemps que sa femme rentre, et c’est vachement bien.
Malveillance ♥♥ porte bien son titre ! Je l’ai trouvé glaçant (et j’ai adoré l’appart de Clara, mais ça n’a aucun rapport.)
Fragile ♥ est très convenu mais m’a néanmoins beaucoup plu. Et bordel, cette fin… J’ai pleuré ! Un petit côté L’Orphelinat.
Le jour où maman est devenue un monstre ♥. Court-métrage. Trop de choses à dire… Trop fort en symboles pour moi, j’imagine.
Mercy Black. Oui bah c’est nul. Mais j’ai aimé. Je suis une excellente cliente pour ce genre de films :)
Extraordinary ♥♥♥♥ C’est une comédie horrifique qui met en scène une médium qui ne veut plus user de son don, mais va rencontrer un père de famille harcelé par le fantôme de feu son épouse. J’ai adoré, c’était drôle et très émouvant. Vraiment, un coup de cœur !
The Wave ♥. D’habitude, les histoires de karma et d’univers qui s’intéresse à ta vie, c’est pas trop mon truc, mais le film est vraiment chouette, rythmé, assez drôle et plutôt émouvant. Le scénario tient bien la route malgré tout, en tout cas il m’a paru bien construit.
The witch in the window ♥♥♥. Effrayant et très beau, je l’ai beaucoup aimé également !
Harpoon était d’un cynisme impressionnant ! Franchement, c’était bien. Il s’agit d’une comédie plus mordante que vraiment amusante, dans laquelle deux mecs et une nana plus si amis que ça font une virée en yatch pour tenter de se rabibocher. Mais tout ne se passe clairement pas comme prévu et ils passent en mode survie – ce qui n’est pas vraiment compatible avec l’altruisme.
I am not a serial killer ♥♥. Cool ! Enfin, si c’est le mot… Un ado qui travaille à la morgue avec sa mère et que tout le monde prend pour un psychopathe se retrouve à enquêter sur une série de meurtres qui affecte sa ville. À quinze ans, je serais tombée amoureuse de ce garçon, c’est sûr :)
Hypnose. Je ne détaille pas parce que j’ai vingt lignes de notes sur ce film, Grand Prix à Gerardmer, que j’ai détesté parce qu’il m’a paru débile. Les personnages sont antipathiques au possible, ils sont cons, le scénario n’est pas toujours cohérent. Bref, je suis passée à côté.
The Old ways. Premier film Netflix de cette série, tous les autres étant dispo sur Shadowz. Bah moi j’ai bien aimé. C’est une histoire de démons et ça se passe au Mexique. Ce dernier point a son importance parce que d’après moi c’est rafraichissant : l’esthétique, les personnages, même l’intrigue… ça changeait. Sans bouleverser les codes pour autant, d’accord, mais ça restait cool.
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Je vous laisse avec la musique que j’ai écoutée en boucle ce mois-ci : The Battle for Divinity, composée par Borislav Slavov (ça sent le pseudo ou c’est normal en Russie ?) C’est la bande originale de Divinity, qui est lui-même le meilleur RP de stratégie auquel j’aie jamais joué, et si ça ne vous donne pas envie de vous y mettre, je ne sais pas ce qu’il vous faut :)