Miscellanées de Mars
Selon Alice, le Lièvre de mars serait « le plus intéressant, et peut-être qu’en mai il ne serait pas fou à lier – pas aussi fou qu’en mars, tout du moins. »
Je me sens lasse et ce ne sont pas mes derniers billets qui prouveront le contraire. Je me suis perdue dans des angoisses anciennes, obsédée à l’idée de faire ci ou ça et de ne pas ou plus y parvenir. J’ai entériné de nouveaux échecs : une nouvelle hivernale inachevée, des heures de coucher trop tardives, parfois, et une activité intellectuelle bien trop réduite à mon goût. Mais voilà, pas envie – d’autant moins que ne pas parvenir à me plier à mes propres standards d’une vie réussie a alimenté mon sentiment de culpabilité. C’est un cercle vicieux.
La différence avec « avant », c’est que je le connais, alors j’ai avancé en cahotant, et me suis saisie autant que possible des instants de grâce. Et il y en a eu ! Et des coïncidences à peine forcées, comme je les aime :) Ainsi ce Was nicht ist, « pile » (oh ça va, presque pile) à l’équinoxe. À présent le jour supplante la nuit, et la catharsis espérée a bien eu lieu. J’aimerais bien fonctionner autrement qu’en crescendos, apex et retours à la normale, mais je ne sais pas encore le faire.
Après une nuit vraiment pourrie à la faveur d’une pleine lune inquisitrice, j’ai bu mon thé en bouquinant (et pas en me rendormant sur le canapé.) J’ai engueulé mes secondes, ça m’avait tenue éveillée un moment, ça, de frustration et de consternation. Puis j’ai fait passer les oraux des premières techno, il y avait Kennan parmi eux, je le revoyais empiler le contenu de sa trousse en constructions improbables sur sa table quand il était en cinquième, ça m’a fait sourire, il avait toujours le même regard un peu voilé, mais vachement plus terrifié.
Ce soir, j’ai préparé un virgin mojito à la fraise et bavardé avec Ubik, qui a confectionné une salade pois chiches/radis/feta/persil/vinaigrette magique dont j’ai gardé les restes pour mon ptit déj’ de demain (les Scandinaves bouffent du pâté de tête à 8h AM, je pense que les pois chiches c’est petit joueur, à côté.) On a fini le repas sur la terrasse, verre de vin-clope au crépuscule avec les oiseaux qui braillent et un avion qui passe dans le ciel. Plusieurs profondeurs qui se superposent, disais-je à mon compagnon, nous sur la terrasse, microcosme, les corneilles qui tracent en poussant de grands cris, et au loin cet avion dans lequel étaient assis des gens dont je ne savais d’où ils venaient ni où ils allaient. C’était magnifique.
Le chat est rentré, il sent les champignons des sous-bois :)
Seul problème : il a fait bien trop beau, et trop chaud, pour qu’on ait envie de travailler ! Tout a un goût de vacances… C’est pour cette raison que j’ai envie de rédiger enfin ces miscellanées de Mars. Je l’aurais voulu au diapason du printemps, je me suis rétamée, mais ça ne l’a pas empêché de suivre son cours, et si je suis honnête avec moi-même, je suis obligée d’admettre que c’était beau.
Le port du Crouesty
Début mars, j’ai rendu visite à mon père. Il y a quelque chose de régressif à venir chez lui, bien qu’écrire « chez lui » et ainsi me dissocier de mes souvenirs m’aide au contraire à avancer. C’est toujours lui qui cuisine, il ne me laisse rien faire, pas même la vaisselle. Je ne dors plus dans mon ancienne chambre. Nous parlons beaucoup du passé. Je suis désormais (!) une adulte avec qui il échange à cœur ouvert. C’est toujours une redécouverte. Je comble ainsi les silences de ma mère, et ça me fait beaucoup de bien.
Le mercredi, il m’a emmenée sur le sentier côtier qui relie Banastère à Penvins. Aller-retour, nous avons marché presque huit kilomètres, et vous allez rire, mais je n’étais pas sûre d’en être capable. Mes adducteurs me l’ont fait sentir pendant deux jours, mais j’étais trop fière ! Le lendemain, nous sommes allés à Arzon. Il était relativement tard compte tenu du couvre-feu, c’était calme, les vagues murmuraient.
Printemps musical
Le début du mois, toujours lui, a été marqué par une impressionnante nouvelle fournée de la part de musiciens que j’écoute en boucle. J’étais assez euphorique, ce jour où j’ai écouté mon « radar des sorties » !
Un.Nouveau.Agonoize.
Je n’étais que joie et ivresse.
« La peur est le pouvoir. »
Sans déc’, Blutengel a fait une reprise de Forever Young :
Alexander Veljanov s’est mis à chanter en stéréo :
Et absolument sans aucun rapport, ma sœur m’a fait écouter Screamin’ Jay Hawkins.
Sky Rojo
J’ai jamais eu aussi peur de ce que j’étais ou de ce que j’allais devenir, que quand j’ai vu cette scène (ép.7), quand Christian explique que l’addiction n’est pas mauvaise, puisque personne n’est accro aux trucs nuls.
Pas toujours très subtil, le discours (pour ne pas dire franchement… les pieds dans le plat.) En plus c’est pas fini, et alors une saison 1 qui ne clôture par son arc narratif, perso, ça m’exaspère.
Mais j’ai aimé, j’ai maté les huit épisodes en une seule fois. Je sais pas si c’est légitime, mais j’ai beaucoup pensé à Kill Bill. C’est nerveux et coloré, moins graphique (et invraisemblable), quand même. J’ai beaucoup aimé ces trois portraits de femmes, que j’ai trouvées belles, crédibles et donc émouvantes.
Et les petites semaines
Je n’ai pas publié d’écritures « à la petite semaine » depuis un moment mais elles témoigneraient des tentatives louables, des instants infinis et des anicroches mieux que ces miscellanées forcément esthétisées. Je les garde en mémoire, sans oser en partager la pauvreté stylistique ni le contenu, jugé pathétique par Angoisse, Doute et Fureur. Sérénité, elle s’époumone dans la cale, et bien que je lui fasse confiance, je n’ose pas la libérer.