
Nos meilleurs souvenirs de lecture (partie 1)
Les livres de mon enfance.
Il y a plus d’un an, j’ai piqué ce sujet à Zoé prend la plume parce qu’il appelait une réponse beaucoup trop longue et narcissique pour que je l’écrive en commentaire. Le temps a filé sans que je finalise ce billet, mais vraiment, le thème est trop cool, alors je me lance !
Je ne vais pas parler ici des livres que j’emmènerais sur une île déserte. Je les ai listés il y a longtemps sur Outside the box, le blog que je tenais au moment de partir à Québec, puis sur Babelio, dans une version actualisée. Je vais plutôt évoquer les lectures qui m’ont le plus marquée, influencée, même si pour des raisons qui te paraîtront évidentes je ne les aborderais plus aujourd’hui de la même façon.
Du coup, le classement sera chronologique. J’ai choisi « cinq » œuvres (en réalité mon numéro 2 en contient plusieurs) et je finirai par quelques outsiders que je ne développerai pas :)
Numéro 1 : Robin au pays des jouets
Je crois que c’est le tout premier livre dont je me souvienne. Il nous a été offert à Noël, chez ma grand-tante, et Malo’ et moi étions alors assez petites pour que le livre nous semble gigantesque (il l’est : il mesure 45 centimètres de haut !) Assez, littéralement, pour plonger dedans. La profusion des détails et la diversité des univers présentés en double page m’ont énormément marquée. C’était un livre-refuge, un livre-monde. Je ne peux pas m’empêcher de penser que Robin au pays des jouets a été ma première porte d’entrée dans l’imaginaire. Je ne sais pas si sans lui j’aurais su qu’on pouvait disparaître dans un livre.
Numéro 2 : « Mes contes préférés » et « Marlène Jobert raconte »
Je sais que Mal’ sait encore exactement comment prononcer « Doucette, Doucette… fais des tes cheveux une chainette ! » tant les « Marlène Jobert raconte » ont bercé notre enfance.
Tous les contes les plus célèbres, j’ai dû les entendre avec sa voix. On achetait un duo fascicule + cassette audio, de même que pour cette série « mes contes préférés », dont Rose Blanche et Rose Rouge et La reine des Neiges demeurent mes préférés (je me souviens aussi de La princesse et la grenouille, j’adore l’illu de couverture.)
Mes parents dormaient au dernier étage. Le weekend, quand ils faisaient la grasse mat’, ma sœur et moi étions réveillées bien avant eux. On jouait aux Playmobils et on écoutait ces histoires qui nous enchantaient. Je ne remercierai jamais assez mes parents d’avoir fait en sorte que la magie soit toujours à portée de nos mains. Je me souviens de Rose Blanche et Rose Rouge qu’elles vivaient une existence idyllique dans une chaumière au milieu des bois, comme les ours de Boucle d’Or. Quant à La reine des neiges, c’est le truc le plus symbolique, le plus lourd de sens, que j’aie pu lire enfant. Putain ce que j’aime ce texte, malgré son prologue bien chrétien. Le périple de Gerda m’a à la fois effrayée (parce que les brigands, et la Reine, évidemment) et réconfortée (parce que la maison de la Finnoise et les oiseaux, et les souliers rouges.) J’en profite pour te glisser un mot à propos de La petite fille aux allumettes : on m’avait offert une jolie version illustrée, fidèle à l’originale, dans laquelle elle… meurt de froid devant les fenêtres illuminées de Noël. J’y pense souvent. J’entends qu’il faut préserver les enfants, ne surtout pas leur faire peur… La Petite Fille aux Allumettes, c’est un livre qui m’a fait apprécier le confort matériel dont je bénéficiais.
Numéro 3 : Matilda
J’en avais parlé ici, il y a longtemps. Tu noteras, si tu lis, des contradictions avec ce billet-ci. Que veux-tu, c’était il y a plus de dix ans :) Reste que : je l’ai lu HUIT fois. Aucun autre titre de Roal Dahl ne m’a fait cet effet :)
Numéro 4 : Ça ou Shining ?
Très honnêtement, entre les numéros 4 et 5, je m’emmêle dans la chronologie. Déjà, comme tu peux le constater, je ne sais plus par quel Stephen King j’ai commencé. Les numéros 4 et 5 correspondent au moment où j’ai délaissé le rayon jeunesse de la bibliothèque municipale, et j’en garde un souvenir sans doute exagéré, mais néanmoins emprunt d’un sentiment de… révérence ? Il me semble avoir pénétré dans un espace formé par trois étagères, peut-être même quatre, laissant juste un passage – et je réalise en l’écrivant que sans doute alors c’est Balzac, mon premier livre adulte. C’étaient les rayons « littérature française », je pense.
Bref. Mon premier King, c’était Ça ou Shining, je ne sais plus parce que les deux m’ont terrorifiée, comme disent mes cinquièmes – ah, très bien, le verbe existe vraiment semble-t-il, et depuis le 19e, en plus, même s’il est absent du Larousse, du Robert et du Littré. Ils ont été un point d’accroche essentiel avec ma copine Clémentine. On s’échangeait des King en ayant l’impression de le faire sous le manteau, même si au moins ses parents étaient au courant puisqu’elle m’a dit qu’ils nous conseillaient Charlie, « plus de notre âge ».
Je me demande ce qu’elle est devenue, Clémentine. On devait être en quatrième quand on se lançait des défis, en mode « moi j’ai lu Jane Eyre en quelques jours, ça se lit vite quoi. » Avec le recul, je me dis tu m’étonnes que je vive en dehors du monde : d’où j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un avec qui se la jouer littéraire en quatrième ?
Numéro 5 : La peau de chagrin
Je lui conserve sa cinquième place malgré les tergiversations précédentes parce que quand même, c’est probable que je me trompe, et que je n’aie pas lu Balzac en sixième ou cinquième. En tout cas, j’ai adoré. Ça m’est bien difficile aujourd’hui d’être précise, c’était il y a presque trente ans et je ne l’ai jamais relu !… Mais je me souviens encore de cette citation, pas exactement, bien sûr, mais de manière assez sûre pour la retrouver sans efforts : « Chaque suicide est un poème sublime de mélancolie : où trouverez-vous, dans l’océan de littératures, un livre surnageant qui puisse lutter de génie avec ces trois lignes ?
Hier, à quatre heures, une jeune femme s’est jetée dans la Seine du haut du Pont-des-Arts.
Cette phrase, grosse de tant de maux, est, la plupart du temps, insérée entre l’annonce d’un nouveau spectacle et le récit d’une somptueuse fête donnée pour soulager les indigents… »
J’associe à La peau de Chagrin une lumière cuivrée, je ne sais pas pourquoi. Quelque chose comme les ors fauves et flamboyants du crépuscule. J’aimais déjà les histoires fantastiques, et je crois que cette première rencontre avec la « grande » littérature, la littérature classique, m’a beaucoup impressionnée, et que j’ai eu envie d’être à la hauteur. Elle a autant orienté mon parcours de lectrice que l’a fait ma rencontre avec les romans de Stephen King.
Bonus
Tant de souvenirs, juste à regarder ces couvertures ! À l’exception des Alfred Hitchcock (dont je ne découvre qu’aujourd’hui qu’il ne les a pas écrits !), j’ai lu toutes ces séries des Bibliothèques vertes et roses en entier. C’est d’ailleurs pour mettre fin à ma monomanie Club des Cinq / Clan des Sept que ma mère m’a mis le Marcel Aymé entre les mains ! Quant à la série de Michel Honaker, elle m’a conduite droit vers Stephen King et la littérature fantastique, je pense, et je lui voue toujours un immense respect.
Et toi, tu te souviens de lectures de ton enfance, qui t’auraient à ce point marqué(e) ?
3 commentaires
Je me souviens avoir eu entre les mains un Oui-Oui à 6-7 ans et l’avoir reposé, dégoutée par tant de bêtise, pour choisir ensuite Fantômette (j’ai lu deux livres avant de me lasser) puis les Club des 5 que j’aimais beaucoup, et enfin les Alice : et là, le graal (tous lu). Jamais su lire les livres de mon âge, je crois.
Et tous les Comtesse de Ségur y sont passés aussi.
À la suite de quoi (8 ou 9 ans) j’ai attaqué La couronne d’argent, qui m’a marquée durablement (on pouvait donc écrire un livre puissant et vrai, càd parler de l’effroi qu’on peut ressentir en tant qu’enfant dans un monde d’adulte). J’en garde des images très fortes. Je pense que ce livre a ouvert des portes infinies vers toutes mes lectures suivantes.
J’ai pleuré à 9 ans sur La cicatrice, absolument traumatisée par la mort du petit frère à cause de quelques timbres volés. Jamais remise. On pouvait donc pleurer sur un livre, misère.
À 11 ans, j’ai lu Jamais sans ma fille, absolument fascinée, captivée : j’ai découvert le pouvoir des livres qui t’empêchent physiquement de les poser. C’est là que j’ai commencé à lire tous les livres de ma mère (souvent en cachette, hum).
Plus tard j’ai découvert les Stephen King, et je ne sais pas combien de fois j’ai relu Charlie ! Mon livre préféré de lui à ce jour (même si j’ai aimé les autres).
Voilà.. un tableau rapide mais à priori assez complet ^^
Oh oui, j’ai oublié la comtesse de Ségur !
Je note tes autres références, j’ai bien envie de les découvrir.
J’ai un gros doute pour La cicatrice, le nom de l’auteur me semble familier, c’est possible que je l’aie lu.
(je cherche et je ne comprends pas du tout pourquoi, j’associe ce livre à l’autrice Moka. Donc oui, je suis sûre de l’avoir lu. Possible que je l’ai occulté pour les raisons que tu dis, je le relirai !)
C’est drôle, Charlie est très loin d’être mon préféré. Je me demande si ce n’est pas lié au fait que j’en garde un souvenir profondément anxiogène, claustrophobique. Je me souviens avoir vécu viscéralement la sensation d’injustice face aux adultes qui l’enlevaient à son père, et celle d’étouffement dans ce complexe fermé (tu me diras si je raconte n’importe quoi, je ne suis pas retournée voir de résumé avant de te dire ça.)
La bibliothèque avait toute une vieille collection de la comtesse de Ségur, je la revois encore ^^
La cicatrice m’a laissé un souvenir terrible. En plus je le lisais le soir dans mon lit en cachette ; je me suis retrouvée dans une telle détresse, j’ai dû me lever voir ma mère qui regardait la tv, pour aller pleurer que j’avais soi-disant fait un cauchemar XD
Qui est l’autrice Moka ?
Charlie ce qui m’a tant plus, c’est qu’elle était une enfant. Tu as raison, elle était bien enfermée dans un lieu clos, une chambre dont elle s’échappe. Mais justement, elle récupère le contrôle et ça c’était tellement puissant. La psychologie des personnages y était vraiment poussée (les livres récents de King en sont dépourvus, avant il creusait fort). Je me rends compte qu’il m’est difficile d’expliquer le pourquoi de ce livre précis… j’aurais sans doute aimé être cette gamine, enfant ^^