Open waters
13 septembre ce sont de jolies sonorités, treize et sept-ambre avec le P qu’on n’entend pas d’habitude, ça fait comme la pierre sur laquelle on trébuche, celle que les vagues dissimulent.
Au fond de l’eau il y a une cage. Normalement, on y met des gens, je devrais moi-même être dedans. Mais j’ai préféré faire l’inverse. C’est une très grande cage, du genre à abriter des combats clandestins. Dedans, il y a des orques et des requins qui nagent en rond et parfois s’approchent des barreaux, la gueule la première et les yeux vides – les squales – ou avec cette nuance qui te dit qu’ils vont t’entraîner par le fond, non sans plaisir, simplement un plaisir que tu ne peux pas appréhender, pas même nommer – les cétacés à dents.
Au fond de l’eau il y a une cage que je ne peux pas m’empêcher de visiter, parce que j’admire les créatures que j’y ai enfermées, et chaque fois j’hésite, chaque fois ma main se rapproche du verrou et retombe. Longtemps j’ai su que je les libérerai et maintenant je ne sais plus. C’est bien, elles sont circonscrites, mais… autour de moi la mer est gigantesque et sombre, alors que dans la cage… Toutes de crocs et de faux-semblant, les bêtes me reconnaissent et je les reconnais. Le masque du loup dont parle Morizot, les orques l’ont déplacé, il attire le regard au-dessus de leurs yeux.
Je ne suis pas dupe. En revanche j’ai très bien compris le principe et je l’applique tous les jours. Je dors, moi, mes cernes ne se voient pas. Sous la peau ça pulse maladif, et au poignet droit caché sous la manche luit toujours la cicatrice pas dans le bon sens qui prouve autant ma terreur que ma lâcheté.
J’ouvre, ou j’ouvre pas ?
J’habite entre deux eaux. Je ne suis ni perdue ni sauvée.