Spicilège #12
(sois forte)
(plus forte encore)
Mai fut culturellement déplorable. Je n’ai pas fini un seul livre et si j’ai vu des films, je ne m’en souviens pas et n’en ai conservé aucune trace dans mes archives.
Je ne sais pas trop ce qui peut l’expliquer. En parcourant les trois billets publiés, et notamment El sonido de las olas, je dirais que je n’étais pas prête à soulever en moi d’autres émotions que celles du quotidien. Ça a été un mois d’évitement, ce qui s’est traduit par un rapport plus physique au monde, plus terre à terre. Quelque part entre la fuite et la course pour parvenir à saisir d’autres vérités. Je me suis perdue pendant ce mois de mai, pourtant ce n’était pas une mauvaise chose.
Les films du mois de juin
Daniel isn’t real, réalisé par Adam Egypt Mortimer et scénarisé par lui-même et Brian DeLeeuw, d’après le roman de ce dernier, 2019.
Mon premier film de juin a été un coup de cœur viscéral.
Même si un élément en particulier m’a paru trop mystique, et m’a fait douter du fait que je regardais un film fantastique au sens todorovien, ce que j’aurais préféré, tout a été balayé, notamment par la fin. C’était un film sur la folie, todorovien ou pas, finalement je m’en fiche – de mon point de vue ce fantastique-là, façon Le Horla, a tout à voir avec la réalité et rien avec le surnaturel.
Miles Robbins m’a paru assez époustouflant et j’ai noté dans mon bloc-notes : « Deux jours après, j’y pense encore, et vu comme j’oublie désormais tout ce qui me sera anecdotique, j’en conclus que vraiment, ce film m’a bouleversée. »
J’ai également écrit :
« The mind reflects its environnement ». Une des phrases les plus étranges que j’aie jamais entendues : j’ai toujours pensé que c’était l’inverse, et ça me semblait parfaitement logique. Mais : « It was your world when it all started… » Ça fait sens.
Broadcast Signal Intrusion, réalisé par Jacob Gentry et scénarisé par Phil Drinkwater et Tim Woodall, 2021.
Un peu déçue par la fin, que je n’ai pas comprise et qui m’a donné l’impression d’avoir été baladée par des gens qui ne savaient pas trop où ils allaient. Toutefois, j’ai adoré la vibe 90’s du film, je sais pas comment l’expliquer mais il y a une lenteur, un grain, et puis la musique, aussi, qui tranchent avec les images ultra-lisses qui sont la norme aujourd’hui. C’est peut-être un effet de la nostalgie, mais ça me plaît beaucoup.
Vanishing Waves, réalisé par Kristina Buožytė et scénarisé par elle-même et Bruno Samper, 2012.
Je ne l’ai pas aimé du tout !
Le personnage principal m’est vite devenu très antipathique. En fait, c’est un connard, c’est vite avéré. It’s ok, il n’arrive pas des histoires passionnantes qu’aux gens bien. Mais ça ne m’a pas aidée.
Les scènes de sexe m’ont dégoûtée, pourtant je suis cliente. Mais il y avait beaucoup, beaucoup trop de bouches, voraces et lippues. Trop de sexe tout court, juste bestial, juste de la peau, du jus, je ne sais pas comment dire, ça m’a d’autant plus marquée qu’encore une fois, du porno, j’en ai vu, et j’aime ça.
Moi qui cherchais un film mélancolique et vaporeux, je me suis retrouvée devant le spectacle de gens qui baisent comme des animaux en rut, sans passion mais avec la langue.
J’ai l’impression que c’est un film à propos d’une femme qui se définit uniquement par le fait qu’elle est offerte tout entière à un ou des hommes (je ne peux même pas dire qu’elle s’offre, elle semble si vide) et d’un homme qui n’est capable de s’assumer que dans un monde virtuel mais gère le réel comme s’il lui était nécessaire autant que pratique.
À la fin, il la rattrape, encore. Elle hurle. Et puis elle finit blottie dans ses bras, parce que c’est tout ce qu’elle sait faire, se débattre et céder.
J’entends. L’avant-dernière scène est plutôt belle. Le film est beau. Mais sa crudité et le monolithisme de son propos me sont étrangers, je crois.
Raging Grace, réalisé par Paris Zarcilla et scénarisé par lui-même et Pancake Zarcilla, 2023 (vise les noms sérieux, ils sont space dans la famille, quand même…)
Purement psychologique, ce film m’a serré le cœur à de nombreuses reprises. Ce n’est pas un chef d’œuvre – un passage m’a d’ailleurs semblé assez grotesque -, mais je l’ai toutefois trouvé insidieux et sincère.
Sybil, réalisé par Justine Triet et scénarisé par elle-même et Arthur Harari, 2019.
Je n’en conserve pas beaucoup de souvenirs, si ce n’est que j’y ai beaucoup apprécié le jeu de Virginie Effira. Je crois que je n’ai pas bien saisi ce qu’on essayait de me dire et le personnage d’Adèle Exarchopoulos m’a pas mal agacée.
Une affaire de détails (The Little Things en VO), réalisé et scénarisé par John Lee Hancock, 2021.
J’ai beaucoup aimé. Outre les prestations très convaincantes de chacun des acteurs (notamment celle de Rami Malek, que je découvrais), c’est l’ambiguïté au cœur du film qui m’a plu. J’ai aimé ne pas savoir sur quel pied danser, et que la fin n’offre qu’une résolution très partielle. Ça m’a paru très réaliste, et très humain.
Côté séries, j’ai juste regardé la moitié de Devils in Ohio sur Netflix, c’est pas fameux mais je suis quand même curieuse.
Les livres
J’ai fini le Rushdie bien après le Nesbø, mais je l’avais aussi commencé bien avant – et j’ai mis un certain temps aussi avant de m’étonner d’avoir acheté deux livres d’affilée portant le même titre !
Je n’ai lu qu’un seul roman de Salman Rushdie, La terre sous ses pieds. Un immense coup de cœur d’ado. J’en avais recopié des extraits sur des feuillets colorés que je conservais pliés en quatre dans mon portefeuille. Plus tard, j’ai tenté Les versets sataniques, sans aucun succès. J’ai dû en lire 50 pages max. Mais bon, j’avais donc conservé un respect certain pour l’auteur, et j’avais été affectée d’apprendre la tentative d’assassinat dont il a été victime. J’ai presque acheté Le couteau dans le même état d’esprit qui m’avait fait m’abonner à Charlie après les attentats.
Toujours est-il que je n’ai pas trouvé ce livre très intéressant. Que Salman Rusdhie ait eu besoin de l’écrire, ça ne fait aucun doute, en revanche je ne crois pas que nous ayons besoin de le lire.
Bien aimé ce nouveau Jo Nesbø (traduit par Céline Romand-Monnier), dont j’ai pour ma part trouvé les personnages convaincants. Ils portent bien l’intrigue qui, je veux bien l’admettre, est un peu tirée par les cheveux, comporte une ou deux ellipses étranges et traîne en longueur sur la fin. Je n’avais jamais lu de « Harry Hole », je n’avais donc pas d’attendus sur le personnage. Sans doute que pour un habitué, il y a là la même sorte d’acharnement que met Thilliez à détruire ses personnages !
Enfin je me suis lancée dans l’album de Claire Fauvel en constatant qu’à ce rythme, je n’atteindrais jamais mon objectif de quarante livres pour cette année :) Donc, me suis-je dit, c’est le moment de lire quelques romans graphiques et bandes dessinées pour accélérer le rythme. J’ai bien aimé.
Un peu de musique (et de patinage)
Ce n’est pas la série Mercredi en tant que telle qui m’aura remis les Cramps dans les oreilles, déjà parce que ça fait belle lurette que j’ai arrêté de la regarder, et que si ce passage m’avait plu, je me souvenais plutôt de quand elle interprète l’Hiver de Vivaldi pendant que tout explose. Non, c’est à cause des mondiaux de patinage.
Je ne les ai pas regardés (parce qu’il n’y a pas grande logique dans mes propos ni dans mes actes). Enfin, si, j’en ai vus des bouts. Mais du coup YouTube m’a proposé tout un tas de trucs dans le genre, et c’est comme ça que je suis tombée sur les prestations de Kamila Valieva, dont celle-ci. La « goo goo dance » commence à 1min10. Je ne te l’ai jamais dit ! je suis une grande fan de patinage artistique.
D’ailleurs, c’est comme ça que je suis tombée sur un morceau que j’ai omis d’illustrer et que j’ai pourtant beaucoup écouté, mais plutôt en mai. Toujours Kamila Valieva, et mon dieu qu’elle est belle, putain.
Et c’est aussi comme ça que j’ai découvert les capacités surréalistes d’Alexandra Trusova.
Bref.
Apparemment j’ai eu un moment de sacré cafard, il y a deux semaines, puisque j’ai ajouté The beginning of the end, Movement one à ma capsule temporelle. Il faut dire que je me suis aussi infligée pour la seconde fois la scène finale du Masque de la mort rouge, l’épisode 2 de La chute de la maison Usher. Il faut croire que ce qu’on fuit nous rattrape toujours. En l’occurrence, je n’en suis pas amère : j’ai besoin de ces exutoires. D’autant plus là tout de suite.
Un peu de douceur et d’espace avec daydream, de Pandora.
Un peu de bonheur facile avec Indo.
Pas leur meilleure, certainement pas leur plus originale, mais… bon dieu ce qu’Indo peut me faire du bien…
LES SAALAAAUDS, LES HÉÉÉROÏÏÏÏNES ♫
Pour finir, il y a l’album que Tori Amos a sorti en 2021, et que Maloriel m’a conseillé d’écouter. Contre toute attente, il m’a beaucoup plu. J’ai toujours su que je devrais aimer Tori Amos, sans jamais y arriver ; peut-être l’âge m’aura-t-il suffisamment assagie.
Enfin, bon, avant ça, il y a eu du gros boum-boum, j’aime même pas comment c’est écrit, ses vidéos sur Youtube sont atroces, mais ça m’entête, putain ! « Merci » Maloriel, encore une fois ;P
Moi j’voulais qu’on s’aime / On se bagarre
3 commentaires
Tu as lu quels livres de Jo Nesbo ? pour ma part, je n’ai lu que des livres de sa série consacré à Harry Hole et finalement, c’est peut-être à cause du personnage, plutôt qu’à cause de l’auteur que je n’aime pas trop ces livres…
J’ai lu Du sang sur la glace, mon premier, qui m’a beaucoup surprise, et Leur domaine, mon préféré.
Ok je les note, je ne les connais pas ;-)