Spicilège #13
Hantises et magie.
Les films de juillet
The novice, réalisé et scénarisé par Lauren Hadaway – super maintenant j’ai What is love dans la tête – 2021 ♥♥♥
Par son sujet, il m’a beaucoup fait penser à Black Swann, mais le traitement est différent. Les plans sont serrés, flous, tout est concentré autour d’Alex, reflet de son obsession : rien ou presque n’existe au-dehors, si ce n’est ce qui la conforte ou la heurte. La fin aussi est différente, et m’a beaucoup plu : aussi obsessionnelle, incompréhensible que soit Alex, elle poursuit un but qui lui est propre. Il n’a pas de sens pour nous, mais il lui est accessible, c’est ce qu’elle essaie de prouver. De se prouver, et même elle ne le comprend qu’à la fin.
The seeding, scénarisé et réalisé par Barnaby Clay, 2023.
Mouais. Comme d’hab’ avec ce genre de folk horror mâtiné de La colline a des yeux, je ne suis pas convaincue. Tout ça semble aussi absurde que vain. La majeure partie du film est toutefois plutôt haletante et anxiogène.
Knocking, scénarisé par Emma Broström et réalisé par Frida Kempff, 2021 ♥
Beaucoup aimé, on est aux frontières de la folie, et c’est parce que Molly a traversé l’enfer que personne ne la croit. Forcément, ça m’a plu. En revanche, je trouve que le scénario se sabote un peu lui-même à la fin, mais je ne peux pas t’expliquer pourquoi sans te dévoiler l’intrigue.
La chapelle du diable, scénarisé et réalisé par Evan Spiliotopoulos, d’après l’œuvre de James Herbert, 2021.
Un avis très mitigé sur ce film qui aurait pu être intéressant parce que l’idée de base se prêtait à l’originalité. Mais finalement, c’est un objet très conservateur, qui pour la énième fois refuse d’admettre que toutes ces femmes qui ont été massacrées… n’étaient pas des sorcières et n’avaient jamais rien juré à Satan. Non non, c’étaient bien des putes diaboliques, même si elles guérissaient les gens, pour dieu sait quelle raison.
De la même manière, ce film raconte la même chose que tous les autres dans le genre : dieu ne parle pas à ses fidèles, seuls le diable et ses sbires le font. Franchement, faut avoir une disposition d’esprit particulière pour préférer croire à un truc qu’on ne voit jamais et dont on n’a aucune preuve, plutôt qu’à celui dont tout le monde est témoin. Dieu le seul moment où il apparaît c’est pour faire pleurer des statues avec des larmes de sang. Il ne sauve même pas ses fidèles.
Bref, un film dans lequel l’ordre « naturel » des choses n’est surtout pas bousculé. Ce que devrait pourtant faire un film d’horreur, non ?
Creep, réalisé et scénarisé par Christopher Smith, 2004.
De gros sabots, mais de bonnes intentions dans ce film où Kate se retrouve piégée dans le métro londonien avec à ses basques un tueur dégénéré. Ça ne manque pas de sel dans la satire sociale, même si c’est un poil dilué par le côté boogeyman fort peu crédible.
Loop Track, réalisé et scénarisé par Thomas Sainsbury, 2023 ♥♥♥
Deuxième coup de cœur ce mois-ci. Avant, je croyais que ce genre de films était un cauchemar pour tout le monde, et un poil caricatural. Le confinement et quelques connaissances éclairées m’ont appris que ce n’était pas le cas.
Donc : dès le départ, j’ai ressenti une sympathie dingue pour Ian, qui n’arrive pas à se débarrasser de ces gens qui le collent et ne comprennent pas, j’allais dire, mais c’est pire que ça, ne perçoivent pas, n’envisagent pas, qu’ils le torturent juste en s’imposant.
Shadowz m’a vendu le film en me disant « que l’on suit les mésaventures d’un randonneur au passé trouble. Difficile de savoir où l’on met les pieds et où mènent ces nombreux sentiers perdus au fin fond la nature néo-zélandaise. À la manière d’It Comes at Night ou du Rituel (deux influences avouées), la réalité devient progressivement insaisissable et glisse insidieusement vers un cauchemar inextricable. Avec une vraie maîtrise du suspens, Loop Track laisse planer le doute quant à l’origine de sa menace. »
Comédien et artiste de stand-up, je crois que Thomas Sainsbury, réalisateur et acteur principal, a surtout transcrit pour la première fois la réalité telle qu’il la voyait, plutôt que de toujours donner aux autres ce qu’ils voulaient d’auto-dérision et de validation d’eux-mêmes.
Pour le reste, pourquoi c’est un Survival, il fallait oser, mais j’imagine que pour un Néo-Zélandais c’est tout à fait crédible :P
Enfin, hier (le 31 juillet) j’ai vu le début de Birdbox Barcelona, tout de suite ça part en mystique. Je vais regarder la suite parce que je suis un peu curieuse, mais je trouve ça bien moins percutant que le film d’origine.
Les séries du mois
J’en ai regardées deux. Devils in Ohio n’est pas fameuse et couturée de clichés (en revanche le personnage du paternel est hyper attachant.)
Et j’ai revu Marianne (♥♥♥) : la fin diffère nettement de ce dont je me souvenais, pour le mieux. Toujours un chef d’œuvre de flippe.
Les livres
J’ai reçu le livre de Christophe Grégoire, Avitus, par le biais de la Masse Critique de Babelio, j’étais très contente parce que c’est la première fois que je suis tirée au sort ! C’était une belle lecture, quoiqu’un poil ampoulée.
Norferville m’a nettement moins tenue en haleine que les autres romans de Franck Thilliez, d’ailleurs j’ai mis un moment à rentrer dedans.
J’ai détesté Pucelle, l’album de Florence Dupré La Tour. Il a immédiatement rejoint une boîte à livres, ça arrive rarement !
J’ai tout de même continué sur ma lancée « je lis tous les albums / romans graphiques / mangas qui m’ont été offerts, parce que, comme le mois dernier, je voyais s’accumuler le retard par rapport à mon objectif de lecture (on triche comme on peut.) Bien m’en a pris, Le serment des lampions a été un coup de cœur.
Ubik m’a offert les trois premiers tomes de Nozokiana il y a trois ans, et je n’avais pas su m’y plonger. Je ne peux pas te les recommander, mais passés les deux premiers qui m’ont beaucoup dérangée, j’étais accrochée. En fait, je ne sais pas quoi faire ni penser de cette série. Les dessins et les situations sont très clichés dans le genre pornographique, et j’ai été mal à l’aise devant ce qui m’a semblé des scènes de viol même quand elles n’étaient pas décrites comme telles (je dis ça parce qu’il y en a une qui est clairement identifiée et qui ne se présente pas comme admissible.) Mais en même temps, c’est un manga qui renverse pas mal de codes et dont les personnages sont bien moins binaires qu’ils n’y paraissent de prime abord. Du coup, j’ai envie de lire la suite.
Enfin, j’ai adoré La librairie ambulante, dont la modernité m’a sciée et qui m’a par ailleurs fait beaucoup de bien, parce qu’il était simple mais pas con, et que pour paraphraser Zofia, simple, c’est bien, c’est pas ennuyeux.
Vrac
La vidéo du Fossoyeur à propos du Found footage ♥♥ était super bien, et comme je suis une petite nature (et que je veux le rester parce que j’aime avoir la trouille – enfin, ce genre de trouille-là), eh bien, j’étais pas méga tranquille en la regardant.
J’ai été attristée d’apprendre la mort, le 13 juillet, de Shannen Doherty. Elle avait 53 ans, putain.
Merci aux gens bizarres qui filment les feux d’artifice plutôt que de les regarder. Après tout, quant à moi, je ne me déplace plus. Comme Eli en un sens, angoisse de l’attente dans la foule – puis faut bien admettre qu’à 23h30, si j’ai pas bu, j’ai la flemme de prendre ma caisse. Et de toute façon, faudrait descendre en ville bien avant, et donc, angoisse de l’attente dans la foule. Pourtant, ça reste LE truc qui me fait pleurer à chaque fois (par contre le bouquet final du feu d’artifice parisien était tout pourri, cette année, la musique, quoi… bon, plus le thème J.O, évidemment…)
Et un pouce en l’air pour celui-ci, qui n’a aucune vue comptabilisée au moment où je regarde, alors que Y’A GALA EN BANDE SON (en plus il est trop beau, vraiment).
Et pour quelqu’un qui comme moi chiale juste parce que ça pétarade fort (je sais pas ce que j’ai avec ça, juste j’adore le son des feux d’artifice, le bruit des fusées et les explosions) et le plus haut, et le plus coloré possible, le finale de celui de Carcassonne était trop beau :
Musique
J’ai adoré cette interprétation par Adrian Chandler du troisième mouvement de L’été de Vivaldi.
2 commentaires
Je n’ai aucune de tes références culturelles cette fois-ci et l’horreur tu sais que c’est pas vraiment mon truc. Par contre, on se retrouve sur les feux d’artifice : Je pleure à chaque fois et cette année, même dans ma petite ville Suisse, ça n’a pas manqué <3
Honnêtement, je ne suis pas sûre de saisir la référence à It comes at night concernant Loop Track, mais, puisqu’ils le disent… Je pense que ça pourrait te plaire :P
En tout cas, je suis contente de trouver en toi la personne avec qui je pourrais pleurer devant un feu d’artifice, ne serait-ce qu’en pensée !!