Spicilège #14
Je m’étais dit : t’as rien vu ni lu en août, tu feras un double spicilège en septembre. Et en fait j’ai vu plein de films, même si effectivement je n’ai rien lu (rien fini de lire, pour être exacte.)
Films d’août
Je ne te mets pas les détails techniques parce que j’ai trop la flemme.
Le 18 août, j’étais seule à la maison, c’était pas la meilleure période de ma vie et j’avais envie de légèreté. J’ai enchaîné Larguées (♥♥♥), Victoria et Jamais le premier soir, et franchement c’était parfait. De mon point de vue, Larguées est de loin le meilleur, il m’a fait beaucoup rire et les actrices sont parfaites. En ce qui concerne Victoria, le combo Justine Triet (la réalisatrice) et Virginie Effira fonctionne toujours super bien. Je l’ai préféré à Sybil, ceci dit, je trouve aussi que Triet tourne un peu en rond. Quant à Jamais le premier soir, c’est fondamentalement nul et très cliché, mais il y a Jean-Paul Rouve et je l’aime beaucoup, il m’émeut.
Pearl
Je ne. sais. pas. Trop de réf’ visuelles, peut-être, trop de codes qui se mélangent, de tonalités, aussi. Pearl est limite sympathique dans son long monologue pas très crédible (mais qui moi me plaît parce que j’aime bien que les mots traduisent), eh puis paf, une hache dans ta gueule. Je ne suis pas sûre de suivre, même si j’entends, la lucidité de la folie, je crois, mais là encore une fois c’est le mélange. À moins que. Après tout, c’est filmé comme un classique des années… je ne sais pas quelles années, en fait, et en ce sens, Pearl est cohérente, je suppose. Toujours héroïne de sa propre narration.
The Deep House
Le fait qu’au bout de 41 minutes les seuls trucs que t’ais trouvés pour me faire peur, c’est un poisson jump-scare et les crises de flippe de la fille toutes les cinq minutes, ça commence à bien faire.
En fait, une fois que ça commence et comme on pouvait s’en douter, c’est un film de maison hantée dont le script tient sur un mini post-it (quelque chose du genre : « sorties obstruée. pentacles. apparitions »). La seule originalité du scénario tient au fait que ça se passe sous l’eau, et c’est donc, de la même manière, le seul élément qui procure un minimum d’angoisse. Bah c’est de la triche, les gars.
Exit ♥
Comme le film est excellent et que son pitch repose sur un accident souterrain et implique des endroits pressurisés ou dépressurisés, des espaces extrêmement exigus et des personnages crevant de chaud et s’asphyxiant, je ne te le recommande pas si tu souffres de claustrophobie.
Mais c’est incroyable d’immersion, de véracité dans le discours et le jeu des acteurs. (cette phrase ne tient pas debout)
Laced ♥♥
Bah, comme d’hab’, de mauvaises critiques.
C’est un huis clos stressant et très original qui m’aura souvent fait penser à Crime et châtiment. Parfois un peu bavard, mais qui en accordant quelques minutes à chaque point de vue (autre que celui de la protagoniste) permet de se faire une idée de la réalité qui rejoint davantage les chroniques d’Elise Costa que les gros titres des feuilles de chou.
Quant à The Midnight Club (♥♥♥), si je n’avais pas été très convaincue par le premier épisode, que j’avais vu il y a un bail, je crois que j’avais surtout pressenti tout le mal que cette série allait me faire. Flanagan veut ma peau. Il va apparemment passer chacune de ses séries à me parler personnellement. Comme chaque fois, c’était exceptionnel, de finesse, d’émotions, d’intelligence. Seul bémol, une suite était prévue, d’où un cliffhanger à la fin.
Films de septembre
J’ai globalement passé un très bon moment devant 47 meters down, qui exploite bien ses fusils de Tchekov, même si ça l’oblige à une pirouette scénaristique un peu dommageable pour notre sentiment d’immersion. Knock at the cabin s’est en revanche avéré fort mauvais, car totalement dénué de subtilité ou d’ambiguïté, ce qui nous force à admettre une chose qui me paraît particulièrement idiote et rend la fin type « happy end » tout à fait grossière.
La scène d’ouverture d’Escape Game étant hyper nulle, je n’en attendais rien : perso lambda dont je ne sais rien qui passe son temps à hurler tout ce qui lui passe par la tête dans une scène qui devrait être anxiogène au possible. Mais comme je ne sais pas qui il est, pourquoi et comment il est là, et que omg est-ce qu’il va arrêter de gueuler…
Et pourquoi la scène post-générique ne nous présente-t-elle que trois personnages sur les 6 ?? genre les autres ils vont mourir on s’en fout ?
Il y avait de très bonnes idées, mais la réalisation est souvent catastrophique. La fin qui n’en est pas une, mais une preview du film suivant, avec un méchant à chier (mais très méchant et très très puissant), confirme l’impression d’avoir vu un genre de clip promotionnel sans la moindre intention esthétique ou politique.
Quant à Grace : Possession, je l’ai arrêté au bout d’un quart d’heure. En cause : une caméra subjective insupportable (parce qu’en vrai, j’ai une vision périphérique, vous savez), avec des effets de flou, de superpositions, qui me donnent l’impression que tout est rêvé plutôt que vécu. Mais j’étais obligée de le mettre en illustration, sinon j’avais pas un nombre pair de films et c’était moche.
J’avais déjà vu Aterrados (♥♥), mais ils l’ont renommé sur Shadowz, en Terrified je crois, ce qui est vraiment nul. Je ne me rappelais pas de ses premières scènes, pourtant horrifiantes. En 2019, j’avais noté : « Lovecraftien. Terrifiant. Absolument terrifiant. » C’est toujours mon impression.
Titane
Le début me dérange pour deux raisons. La première tient à moi et je suppose plus généralement à notre société : je me rends compte que c’est le fait que la psychopathe soit une femme, qui froisse mes habitudes.
En revanche la seconde relève du film : je trouve cette exposition très premier degré et caricaturale. C’est gênant dans un film de bonhomme, mais on a l’habitude. J’imagine que – et là c’est de nouveau de ma faute – j’attendais plus d’une réalisaTRICE, parce qu’elle passe après et parce que c’est une femme : dans ma tête elle était supposée avoir des choses à dire en réaction à. Or là j’ai l’impression qu’elle me propose un écho du taré gênant du Silence des Agneaux (ou du film de Laugier, là.)
Par contre j’aime la façon dont sont filmés les corps, c’est moche, c’est réaliste, et donc c’est plus beau que les silhouettes photoshopées des autres films, y compris de l’immonde Tous les dieux du ciel qui se voulait tout le contraire mais se complaisait, se vautrait même tant dans le gore maladif que dans la sexualisation des petites filles.
La fin m’a semblée à l’image du début : l’huile de moteur et le titane pour symboliser que t’es pas humain comme les autres voudraient que tu le sois, je trouve ça très premier degré. Et j’aime pas le fait que ce soit apparemment transmissible, ça me semble une manière confortable de justifier sa propre existence sans faire d’effort : tu comprends, je suis bizarre par essence.
Reste que j’ai aimé le film, malgré tout, pour son originalité, son grain particulier. Il a les maladresses d’une œuvre de jeunesse (ce qui est un peu embêtant parce que je vois que Julia Ducournau a un an de plus que moi.)
Et là je m’aperçois que j’ai aussi vu Sous la Seine. C’était nul aussi, malgré quelques très beaux plans. Après, ce soir-là c’était le 22 août, on était très très ivres, on s’est couchées à cinq heures du mat’, alors il est possible que je sois passée à côté de quelque chose.
Lecture(s)
Je n’ai fini qu’un seul livre en deux mois, je n’arriverai jamais au bout de mon défi personnel. Il s’agissait du tome 1 des Mystères de Paris. Plus XIXe, tu meurs : les personnages sont caricaturaux, l’auteur bonimente as hell, mais ça fait un bon feuilleton. C’est un peu Sous le soleil mais à Paris et en policier. Clairement en-dessous des écrits d’Alexandre Dumas, qui a dû s’en inspirer.
En vrac, j’ai aussi fini le deuxième numéro d’Estrange, la revue créée par François Theurel, avancé dans Manières d’être vivant que j’ai mis en pause un peu plus tard, et relu une bonne partie du Lien Maléfique d’Anne Rice parce que le dossier que lui a consacré Bifrost m’a donné envie de m’y replonger.
Un peu de musique pour finir
3 août 2024
Spéciale Lhassa de Sella sur RKB, et je m’aperçois que je l’avais oubliée alors que je l’avais tant aimée quand Ent’ me l’avait fait découvrir. Alors ce soir, c’est Live in Reykjavik. Et c’est beau, et parfait, putain, juste parfait (le problème du parfait, c’est que ça fait mal.)
Et sans aucune transition, attention ça va piquer :
28 août
QUI m’avait envoyé ce clip ?? Ils ressurgissent sur mes playlists Spotify et je suis toujours aussi perplexe. Et fan, c’est vraiment très con.
8 commentaires
J’avais également adoré Larguées ! de tes visionnages, je retiens surtout Laced parce que j’aime l’affiche, ton avis et qu’aussi il est dispo sur Prime apparemment et donc ça veut dire que j’ai une chance de le voir ;-)
(Fausse joie : c’est une option payante pour Shadowz !)
Han la déception ! Alors Prime a un partenariat avec Shadowz ?
Oui franchement, je ne regarde presque jamais de comédies, mais Larguées m’a fait un bien fou :P
Sur Prime, on peut accepter à beaucoup d’autres contenus payants d’autres plateformes, mais c’est pas vraiment un partenariat vu que le prix est exactement le même que si tu prends l’abonnement direct sur Shadowz… mais bon je vais essayer de passer commande auprès d’un pote qui pourrait l’avoir d’une autre manière ;-)
Alors c’est complètement débile, mais j’adore ! Petit contraste avec Lhasa en effet ;-)
Je n’ai vu aucun des films que tu décris, à ma grande honte – Pearl me branchait bien, et du coup j’ai envie de le regarder parce que ce que tu en dis m’intrigue !
haha, contente que ça te plaise :D
Je pense en effet que Pearl vaut le coup d’œil, il est vraiment intéressant du point de vue de la réalisation, on voit qu’il y avait une intention. J’ai vu qu’il y avait d’autres films autour du personnage de Mia Goth, toujours avec elle. Je ne sais pas s’ils valent le coup, il me semble qu’ils se déroulent dans une temporalité très différente. À voir…!
Oh c’est amusant, j’ai beaucoup aimé Knock at the cabin pour ma part! La fin est certes en deça et j’ai le vague souvenir de flash backs relous, mais j’ai trouvé la situation très immersive et la question du doute très bien gerée. Mais j’ai souvenir d’autres critiques incendiaires aussi je pense que mon appréciation est loin d’être unanime :D
Justement, j’ai trouvé que le doute, qui d’après moi faisait tout le sel de la situation, se muait bien trop rapidement en certitude. Je ne veux pas trop m’étaler au cas où quelqu’un ici voudrait voir le film, mais je trouve que ça rend la fin assez difficile à avaler :)
[…] de nulle-part, le boogueyman restauré. L’ensemble est à peu près aussi clipesque qu’Escape Game.. Quant aux personnages… tes acteurs qui ne savent pas de quoi ils sont supposés avoir […]