Spicilège #6
Entre les vacances ratées, les vertiges et la rentrée, j’ai passé très peu de temps dans les livres ou sur Shadowz / Netflix en août et septembre.
Heureusement, Octobre démarre sous de meilleurs auspices et j’aurai sans doute plus de choses à partager la prochaine fois.
Films
Dispo sur Netflix, à l’exception du premier (Shadowz)
Dans ma peau, réalisé et scénarisé par Marina De Van, 2002
Ça partait mal pour tout un tas de raison : j’étais agacée par la prise de son, la meuf que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam et à qui j’étais supposée m’intéresser, les acteurs que j’ai trouvé tous plus mauvais les uns que les autres et une réalisation hyper cheap.
Finalement, le film s’est avéré étrangement hypnotique, et j’éprouve du respect pour la réalisatrice, pour avoir osé montrer ça, jusqu’au bout. J’ai dans l’idée qu’on ne peut pas raconter une histoire pareille sans qu’elle résonne en nous d’une manière ou d’une autre, ce qui rend cette œuvre, à défaut d’être réussie, intime et courageuse.
Trigger Warning : autophagie.
Mortal Engines, réalisé par Christian Rivers, scénarisé par Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens, 2018 ♥♥♥
Je ne m’explique pas qu’ils s’y soient mis à trois pour accoucher d’une œuvre aussi bancale d’un point de vue scénaristique. À moins qu’ils se soient succédé, ce qui justifierait les personnages pas exploités à leur plein potentiel à cause de raccourcis narratifs un peu décevants.
Qu’à cela ne tienne, j’ai adoré Mortal Engines. Sans doute qu’en cette période de déprime, j’avais besoin de ressentir quelque enchantement enfantin. Mais dès les premières secondes, j’avais envie de pleurer. Je te jure ! Parce que c’est beau, putain, et complètement fou ! C’était incroyable de voir débouler sur l’écran ces impossibles villes roulantes. Je n’avais jamais rien vu qui, esthétiquement, ressemble à ça. Et mon émerveillement ne s’est jamais démenti.
Alors oui, j’aurais aimé en savoir plus sur Shrike, j’aurais aimé que son rôle ait un sens (alors que c’est clairement plus un rouage et un prétexte pour la machine à effets spéciaux.) Oui, je pense que le personnage de Katherine a été largement survolé, et qu’elle avait beaucoup de potentiel. Quant à Thadeus, bah c’est un méchant, quoi, sans grand intérêt et lui aussi un simple prétexte.
Mais Mortal Engines, c’est un peu devenu mon film de Noël si tu veux : le truc qui t’en met plein les yeux et t’émeut avec des ficelles simples mais efficaces.
Truth or Dare, réalisé par Jeff Wadlow, scénarisé par Michael Reisz, Jillian Jacobs, Chris Roach et Jeff Wadlow, 2018 ♥♥
Tout ce que je voulais, c’était regarder un bon teen movie qui ne casse pas trois pattes à un canard. Eh bien Truth or Dare s’est avéré bien plus sombre que ce à quoi je m’attendais. Oh, les personnages sont les mêmes que d’habitude, mais certains ont ce petit plus qui les caractérise et nous les rend plus sympathiques : le mec réellement amoureux, la fille qui a un problème avec l’alcool… Plus le fait que lorsqu’ils « choisissent » de dire la vérité, nos protagonistes dévoilent bien malgré eux les failles de leur petit groupe bien propret et cela crée, je trouve, une dynamique intéressante. Quant à la fin, je ne m’y attendais pas du tout, et même si elle m’a paru maladroitement amenée, elle m’a beaucoup marquée !
Bon, mais vu le nombre de productions Blumhouse que j’ai aimées, je ne sais pas pourquoi je suis si surprise.
Old People, réalisé et scénarisé par Andy Fetscher, 2022
L’ambiance est hypra anxiogène, mais… Les personnages sont de sacrés connards, le scénario tiré par les cheveux et plein d’incohérences (la plupart des téléspectateurs, dont je fais partie, se sont demandés à plusieurs reprises : « mais pourquoi ? Mais… ah, bon ») et finalement je suis assez d’accord avec les critiques qui disent que l’ensemble du film contredit son propos, qui était d’inciter au respect des anciens. De plus, l’expression de ce message est beaucoup trop littérale à mon goût. Quand t’as besoin d’expliquer ce que tu voulais dire, c’est que tu l’as mal dit.
Jaula, réalisé par Ignacio Tatay, scénarisé par lui-même et Isabel Peña, 2022
Plutôt décevant, ils auraient dû en faire une série, ça aurait permis de creuser l’identité du psychopathe (et de son épouse !…) Là c’est juste tadaaa en fait c’était lui ! J’ai envie de dire que ça nous fait une belle jambe.
Séries
The Watcher, créée par Ian Brennan et Ryan Murphy, 2022
Je n’ai pas terminé, même si j’en ai l’intention car c’est tout de même une drôle d’histoire. Les personnages, que ça m’embête d’appeler comme ça vu que cette histoire est bien réelle (il me semble d’ailleurs que les victimes ont assez peu goûté cette adaptation) sont tous antipathiques. Je trouve qu’on a beaucoup de mal à se projeter et à compatir parce que leurs dialogues et leurs attitudes sont un peu « hors-sol. » Par exemple, dans l’épisode 1, le père explique à l’agent immobilier qu’il est prêt à s’endetter car il souhaite que ses deux enfants disposent chacun de leur propre chambre. D’accord mec, mais cette maison-là comporte au moins six pièces à vivre ! Elle est GIGANTESQUE ! Quant aux voisins, ils me paraissent caricaturaux, j’ai du mal à imaginer un quartier dans lequel le couple en face de chez toi vient installer des chaises pliantes dans la rue pour pouvoir observer ce que tu fais dans ton jardin.
Les papillons noirs, créée par Olivier Abbou et Bruno Merle, 2022
Pas accroché du tout. Je n’ai même pas fini l’épisode 1. Je pense que je n’étais pas dans de bonnes dispositions d’esprit pour attaquer une série si particulière. J’ai trouvé les dialogues mal écrits, je n’ai pas compris les personnages (j’ai été estomaquée par cette scène où Solange, qui vient de se faire violer, se déshabille pour coucher avec Albert.) Maloriel ayant insisté pour que je regarde la suite, je le ferai, mais pas maintenant, je pense.
Young Sheldon, créée par Chuck Lorre et Steven Molaro, depuis 2017 ♥♥♥
Excellente surprise ! Je n’en attendais pas grand-chose, j’étais même assez réticente, et au final ça m’a beaucoup plu parce que les personnages sont variés et attachants, que beaucoup d’épisodes m’ont vraiment fait rire, et que mine de rien, la série aborde la question de la différence et de la gestion de celle-ci avec beaucoup de tact. En revanche, je suis très déçue par la saison 5. Elle caricature les personnages (notamment la grand-mère, que j’adorais) et n’a plus grand-chose à raconter…
Livres
Comme un ciel en nous, Jakuta Alikavazovic, 2021 ♥
Décidément, j’adore ce principe de « la nuit au musée. » Ici en plus c’était au Louvres ! C’est vraiment chouette de voir comment un lieu occupe la cartographie intime d’une personne, et ce qu’il fait surgir de souvenirs et d’émotions. Je ne connaissais pas cette autrice, aussi ma lecture a été plus détachée peut-être que celle de Lola Lafon, et j’ai peut-être un peu soupiré à la lecture de certains poncifs (les statues qui s’animent la nuit, oui, bon) mais ç’a tout de même été un moment émouvant, dont je suis sortie grandie. En effet, Jakuta Alikavazovic évoque plusieurs fois ce que c’est d’être expatrié en France, quand on porte un nom aux consonnances si étrangères. Je n’imaginais pas toutes les petites remarques faites sur le ton de « l’humour », les clichés associés à tel ou tel peuple…
Un pays de fantômes, Margaret Killjoy, trad. par Mathieu Prioux, 2022 ♥
C’est le récit d’un journaliste envoyé couvrir la guerre menée par son pays, et qui se retrouve finalement à combattre aux côtés des forces ennemies. Le roman est surtout l’occasion pour Killjoy de décrire (et d’interroger, à travers le regard du journaliste qui la découvre) une société anarchiste. Ainsi le roman tient plus, à mon sens, de l’utopie que de la fantasy comme c’est écrit sur le site des éditions Argyll. Je l’ai trouvé assez émouvant, surtout à la fin, et très intéressant. Il m’a semblé que certains aspects du fonctionnement de cette société ne tenaient absolument pas debout – même en supposant des Humains merveilleux et sans défauts. Tout de même, cela reste plaisant d’envisager d’autres modèles que le nôtre, qui a largement démontré ses insuffisances.
Ah, et : Margaret Killjoy joue dans un groupe qui s’appelle Feminazgul, et je trouve délicieux rien que de l’écrire.
1 commentaire
Les papillons noirs m’a beaucoup dérangé aussi, j’ai dû faire une pause après le 1er épisode et une autre au milieu car c’était vraiment malsain et j’ai eu un drôle de ressenti… mais au final, ça reste une très bonne série