Was nicht ist ist möglich
Quelques maux.
Quelques mots qui tanguent sur une ligne blanche, quelques mots posés au hasard, faute de mieux. Le temps dégringole en arpège descendant tandis qu’en arrière-plan, s’amplifie le bruit blanc. J’entends enfler la colère que je me destine, j’ai les entrailles enroulées, « la voix comme nouée, comme on dit » :
Clair Obscur – Sind sie Froh
Mais qu’est-ce qui s’passe, hein, Malo’ ? :)
Fallait que je les recase, ces deux-là, deux vieux fantômes pas écoutés depuis quinze ans, du bruit, de l’absurde, du verre brisé, de la sature, MAIS QU’EST-CE QUI C’ QUI S’ PASSE, hein, Nath, réveille-toi putain, réveille-toi, sors de cette putain de chaise, BORDEL ! Remue-toi les doigts, désengourdis-toi le cerveau, respire, c’est ça, inspire, expire, exprime.
De la friture plein le cerveau, c’est ça qui se passe. Abrutie. Assommée. Samedi ? Envolé. Perdu. Les jours ? Ils passent.
C’est pas que ma faute. Non non non non, c’est pas que ma faute. C’est les gens, là, jour après jour. « Encore cinq semaines avant les vacances ! » « Y’en a marre hein, non ? » « Ils foutent rien dans cette classe, c’est insupportable. » « Oh, une femme à poil ! Saisissons le procureur de la République, c’est immonde, cette exhibition. » « Le gouvernement fait vraiment n’importe quoi. » « Hey, un confinement ! Allons répandre nos germes en Bretagne ! » « Nos élèves sont de plus en plus nuls. » « Un jour, je ferai autre chose. Un jour… » « Non monsieur, vous avez tort ! TORT ! Et je vais vous le hurler dans l’oreille pour être sûr que vous ayez bien entendu. » « Les renards ? Des nuisibles. Une balle dans la nuque, c’est tout ce qu’ils méritent. » « Sauvons et enseignons l’écriture inclusive ! On n’a rien de mieux à faire ! Et fuck l’orthographe ! » « Les migrants ? Des nuisibles. Une balle dans la nuque, c’est tout ce qu’ils
Fermez. Vos. Gueules. Pitié.
Je
peux pas
respirer.
Merde !
Je sais pas si j’ai sous-estimé le contexte et les efforts que ça me demandait de rester souriante ou si c’est juste moi dans une mauvaise passe. Je sais pas, je sais pas, comment je pourrais savoir ? J’ai passé la journée devant Friends. TOUTE la putain de journée. La semaine ? Oh, la semaine, je me suis beaucoup agitée. J’ai étiré mes lèvres et plissé les jolies rides que j’ai au coin des yeux, pour que ça se voit quand je me marre. J’ai fait remarquer que c’était ni la peste ni la grippe espagnole, hein. On marche pas sur des cadavres.
The Doors – The End live
Was ist ist
Was nicht ist ist möglich
Je craque plus tôt d’habitude, après tout c’est peut-être ça. Je collapse, vanish, pouf ! Là, j’ai juste tenu le coup. En façade. Une chouette baie vitrée, avec un film qui tourne en boucle derrière. Et encore derrière ? Rien. Un mécanisme bien huilé. Ça tourne tout seul, c’est bien, y’a plus besoin de personne aux manettes. Hey ! J’ai trouvé comment échapper à Angoisse ! Il suffit de cesser d’exister.
Y’a juste un problème : tu vas te réveiller un samedi soir – ou un dimanche matin –, à 2h30 et écouter en boucle la même chanson beaucoup trop speed en vidant ta bière et en te demandant ce que t’a foutu. Ça va, small price ! Le reste, se déroulera dans ta tête. C’est bien fait, une tête. Tu peux y jouer éternellement ta propre pièce de théâtre ET assurer le spectacle destiné aux autres.
You will find me if you want me in the garden
Unless it’s boring, down with rain